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La Nuit de l'Inca

Fabien Vehlmann (Scénariste), Walter (Coloriste), Frantz Duchazeau (Dessinateur)
Aux éditions :   -  Collection : 
Date de parution : 31/08/03  -  BD
ISBN : 220505421
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charlotte   - le 31/10/2017

La Nuit de l'Inca

Fabien Vehlmann et Franz Duchazeau sont en train de se faire un nom grâce aux éditions Dargaud qui ont misé sur leur talent. Loin de se répéter, ils ont su évoluer en toute tranquillité et vont certainement bientôt trouver un public qui leur sera acquis.
Velhmann publie son premier album, Green Manor (Dupuis), en 2001 après avoir éprouvé sa technique d'écriture dans les pages du magazine Spirou. La machine est lancée, s'ensuivent alors Des Lendemains sans nuage (Le Lombard), puis Le Marquis d'Anaon (Dargaud), Samedi et Dimanche (Dargaud) et enfin Ian (Dargaud).
Franz Duchazeau a d'abord travaillé pour divers journaux du groupe Disney avant de passer chez Spirou. Il se lance avec Pierre Veys dans la série Igor et les Monstres (Dargaud), une série désopilante qui revisite le mythe de Frankenstein et dans laquelle il se plaît à inventer des créatures toutes plus incongrues les unes que les autres. Changement de style pour La Nuit de l'Inca où le dessin se fait plus poétique.

" La disparition du soleil, c'est pas rien, quand même "

Maki le manchot doit aller faire paître les lamas sur les hauts plateaux. Il doit d'abord traverser le village et comme toujours des gamins lui jettent des pierres. Seul le jeune Cuzquiño prend sa défense. Le petit garçon accompagne Maki sur le trajet des verts pâturages. Le manchot en profite pour lui raconter la vision qu'il a eu la nuit précédente. Les étoiles lui ont confié que le soleil ne se lèverait plus. Impossible pense Cuzquiño, qui est d'ailleurs persuadé que son ami a abusé de la feuille de coca. Pourtant le lendemain, le soleil ne s'est effectivement pas levé sur le petit village. Maki seul pourra délivrer le monde inca de la pénombre.

Un conte drôle et dépaysant

Ce récit, qui se déroulera en deux tomes, est à la fois profond et irrésistiblement drôle. L'humour naît du parler des personnages, leur langage est un poil décalé, un exemple, lorsque le soleil disparaît un des villageois affolé s'exclame : " Punaise de punaise !". Ce qui n'empêche pas les auteurs de se ménager des temps poétiques comme la lecture des étoiles par Maki. Ils font également référence à une des aventures de Tintin, Le Temple du Soleil, avec le point de départ qui est la disparition du soleil, pour s'en écarter bien vite puisque l'astronome local stipule qu'il ne s'agit pas d'une éclipse.

On retrouve les intrigues des prêtres qui mentent aux villageois crédules et leur font prendre d'habitude des vessies pour des lanternes. Mais eux-mêmes sont désemparés devant ce phénomène qui n'est pas né de leurs manipulations pseudo religieuses. Cette fois, promis, ils n'y sont pour rien, le dieu Inti s'est fait la malle. Alors, comment s'en sortir si même les sacrifices des prêtres ne vont servir à rien ? Vous l'avez devinez, c'est celui qui semble être le moins apte à résoudre ce genre d'énigme, et qui n'a d'ailleurs pas du tout envie de se charger de sauver le monde inca, qui va être désigné par les ancêtres.

Au centre de ce conte créé à partir de mythes anciens mais résolument moderne se trouve le personnage de Maki, parfait anti-héros qui finira par se révéler. C'est ce qui est agréable dans cette bande dessinée : les auteurs oscillent toujours entre le pittoresque et le folklore et une trame plus universelle. Duchazeau s'inscrit pour cet album dans la mouvance d'un graphisme qui s'inspire des dessins du XIXème, dont beaucoup des hérauts, comme Blain, publient dans la collection Poisson Pilote. Poétique, drôle, touchante et pleine d'aventures, cette histoire vaut largement le détour et on attend avec impatience la fin.

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