La Harpe des étoiles

La Harpe des étoiles

Johan Heliot, est, ce qu'il convient d'appeler un espoir de la SF francophone. Prolifique et éclectique, il promène son imagination débordante dans les parages les plus divers, du steampunk au fantastique. C'est pourtant avec un peu moins de bonheur qu'il cède à la tentation du space opera.

L'univers qu'il nous dépeint peine à nous emmener aussi loin qu'il le devrait.

Cet univers c'est celui des Néos, humains synthétiques, crées par les derniers colons humains, et qui se sont affranchis de leurs maîtres au terme d'une guerre interminable. Exilés depuis cinq milles ans dans les territoires inaccessibles des Confins, les Primos, ont légué aux Néos une technologie dont ils ne maîtrisent que les applications les plus basiques et en guise de terrain de jeu, un fragment de l'Univers duquel ils ne parviennent pas à s'échapper.

Bien qu'enchâssée dans un pesant système de castes, la société Néos n'en a pas moins prospéré cinq millénaires durant, grâce notamment aux Harpes, fils de nanomachines qui parcourent l'espace, permettant la communication instantanée et surtout le transport - tout aussi instantané - d'autres nanomachines. Technos, Mecanis, Cryptos, Admis, Harpistes, tous vivent par et pour la Harpe et pour servir, à divers degrés, le Maître des Mailles, seul garant de la pérennité du système.

En marge de ces castes aux tâches bien définies, les Nomades font figure de parasites. Doués du pouvoir de projeter leur esprit via le réseau de la Harpe, ils semblent n'avoir d'autre vocation que de continuer, encore et encore, un voyage qui bien souvent ne trouve son terme que lorsqu'ils succombent à l'une des cordes tueuses du Maître des Mailles. Teer Elben est l'un d'eux. Un parmi les derniers survivants de cette caste si farouchement individualiste.

Aussi est-il surpris d'être contacté par un mystérieux commanditaire qui souhaite lui confier une mission de la plus haute importance. Car il semblerait que les Primos soient de retour pour réclamer vengeance.

Habile pas franchement novateur

Écrite à un train de sénateur, vous le voyez, il n'y a rien de très neuf dans cette histoire, ce qui en soit n'est pas une tare rédhibitoire. Seulement voilà, au lieu de revisiter des thèmes familiers Johan Heliot se contente de jongler avec. Certes il le fait avec habileté, mais sans en proposer une approche résolument nouvelle, prenant simplement le parti des les compliquer à l'envie, comme si c'était pour lui le seul moyen de se les réapproprier. Combiné à un style qui s'étire inutilement en longueur, et qui confine parfois au défaut de structure, on se perd vite dans cet embrouillamini que la parcimonie des scènes d'exposition ne suffit guère à dissiper.

Entre Vinge et Banks, Heliot a bien du mal à trouver sa voie, et jamais, au long de ces 475 pages on ne parvient tout à fait à se défaire de cette désagréable sensation de servilité. Il n'en reste pas moins que les amateurs du genre pourront y trouver leur compte. La harpe des étoiles ne se lit pas avec déplaisir, mais à l'image de la société qu'elle dépeint, elle n'a peut-être pas tout à fait les moyens de ses ambitions.