Né en 1959, Maurice G.Dantec a d’abord passé une enfance en région parisienne avant de se lancer dans l’écriture en 1993. C’est à cette date que sort son premier roman : La Sirène Rouge, un polar ébouriffant qui est le premier acte d’une vie d’auteur qui ne l’est pas moins. Adulé autant que controversé Dantec enchaîne ensuite les livres qui l’installent en tête des ventes : Les racines du mal, Babylon Babies, Villa Vortex et plus récemment Périphériques. Ce dernier étant un recueil de nouvelles dans lequel Librio a fait son marché pour sortir ce livre avec trois textes de l’auteur et une interview.
Eliminer Hitler enfant, vous pourriez ?
La première des trois nouvelles de ce recueil pose une question classique à laquelle il est toujours aussi difficile de répondre. Le héros, Frank Borland, a la possibilité grâce à un extraterrestre et une sorte de loterie intergalactique de tuer une personne dans l’histoire de l’humanité. Mais si son choix se porte très vite sur Hitler, sa main hésite au moment de tirer. En effet l’ET l’a renvoyé devant le berceau du dictateur, bien avant qu’il n’entraîne une partie de l’humanité dans l’horreur. Frank doit-il tirer ? Le débat intérieur sera intense.
Le deuxième texte, THX Baby, fait une autre proposition au héros. Un dealer lui offre une drogue censé lui permettre de revivre un des épisodes forts de la bible (et le rêve de tout pochetron qui se respecte) : les noces de Cana. Entre délires de toxicos et expériences mystiques…
Troisième et dernier récit, Quand clignote la mort électrique est sans doute le plus violent. En sang dans sa voiture, un jeune gars des banlieues, dealer lui aussi à ses heures perdues, est en train de mourir. L’occasion pour lui de revenir sur sa vie et pour le lecteur de découvrir pourquoi il meurt dans sa voiture…
Plutôt bien même si…
Ce recueil de Dantec constitue un bon moyen d’entrer dans l’univers de cet auteur atypique. Si on exclue le deuxième texte, la nouvelle éponyme du recueil et Quand clignote la mort électrique méritent qu’on s’y attarde. Cette dernière pour sa violence et le décalage entre la mort qui s’approche et la vie qu’a vécu son jeune héros. Une vie un peu rebelle et pas forcément facile mais intense. De son côté Dieu porte-t-il des lunettes noires ? a le mérite de poser une question difficile. Peut-on tuer un enfant pour le bien de l’humanité ? Un cas de conscience déjà vu mais toujours aussi passionnant. On regrettera simplement la réponse de Dantec. Un peu polémique, celle-ci manque de crédibilité.
Dans son ensemble, on conseillera ce recueil à ceux qui veulent une introduction à Dantec. Ils pourront ensuite poursuivre par Périphériques chez Flammarion pour déguster d’autres nouvelles. Petit bonus présent dans la version Librio : une interview de Dantec par Richard Comballot, histoire d’aller encore un peu plus loin à la découverte de l’auteur.