L’au-delà

Jeffrey Ford est un auteur encore peu connu chez nous. Et c'est assez injuste. J'en veux pour preuve Physiognomy, un roman atypique et complètement décalé. Un véritable petit bijou qui lui a valu le World Fantasy Award en 1998. Depuis, Ford a voulu continuer à faire un bout de chemin avec son héros principal Cley. Après le décevant Mémoranda, le voici donc de retour pour parachever ce qui est désormais une trilogie autour de Cley avec L'au-delà.

Un chien, un fusil et une terre inhospitalière.

Cley est depuis Physiognomy un homme en quête de l'impossible. Il veut retrouver Arla, une femme qu'il a horriblement défiguré lorsqu'il était un personnage puissant. Depuis, bien des choses ont changé et Cley est en quête de son pardon. Mais il lui faut d'abord la revoir. Et pour cela, sa destination s'appelle Wenau, le village où elle vit, par delà les terres mystérieuses que l'on appelle l'Au-delà. Rempli d'un parfum d'étrange et de terribles dangers, Cley y sera souvent seul avec son chien et son fusil…

Parallèlement, le démon Misrix suit son parcours à distance et tente de gagner en humanité. Il devra en faire la preuve aux villageois tout proche. Mais difficile d'inspirer la confiance lorsque l'on a des sabots, des cornes et de grandes ailes dans le dos. Les apparences ne se dépassent pas si simplement.

Etrange…

Après avoir tourné la dernière page de L'au-delà, on ne sait quoi en penser. Dans la liste des points négatifs, on citera les longueurs et les errements du héros et de son auteur. Deux points noirs qui feront tomber ce livre des mains de certains lecteurs. Pour les autres, bizarrement, on s'installe peu à peu dans ce récit étrange, au point de s'attacher aux aventures de Cley et de Misrix. Au point de vouloir savoir ce qu'il va leur arriver, même si l'on a le sentiment diffus tous au long de l'histoire de ne pas tout saisir. En résumé, si c'est loin d'être le roman de l'année, s'il possède ses défauts et s'il rebutera plus d'un lecteur, on se gardera bien de dire que c'est un mauvais livre. Son charme spécial peut vous séduire, à condition d'avoir aimer Physiognomy. On y retrouve la même plume un peu étrange de Jeffrey Ford, avec toutefois moins de génie.