L'Epine dorsale du monde (La séquence d'Ombre-Terre)

L'Epine dorsale du monde (La séquence d'Ombre-Terre)

Que reste-t-il de la trilogie initiale de RA Salvatore dans le monde des Contrées Oubliées (Terre natale, Terre d'exil, Terre promise) ? Celui qui a produit parmi les toutes premières (et les meilleures) novélisations de cet univers du jeu de rôle Donjons et Dragons, s'est par la suite plus ou moins fourvoyé dans une entreprise à l'origine de la "Séquence d'Ombre-Terre", qui compte aujourd'hui une quinzaine de titres. D'inégale valeur, faut-il le préciser, et en voici encore la parfaite illustration avec L'Epine dorsale du monde.

Le barbare, le rogue et la vierge effarouchée

Morik le rogue s'est taillé une solide réputation parmi la faune de hors-la-loi de la ville de Luskan. A tel point que, lorsque les elfes noirs de la bande de Jarlaxle cherchent un agent pour espionner les faits et gestes de Wulfgar le barbare, ancien compagnon de route de Drizzt Do'Urden, ils se tournent naturellement vers lui. A vrai dire, la tâche semble aisée, le barbare passant le plus clair de son temps à se saouler pour oublier les terribles supplices qu'il a pu subir aux mains des démons des Abysses. Mais contre toute attente, Morik va se prendre d'amitié pour ce lourdaud de Wulfgar et ainsi participer à la rédemption de cette brute qui fut jadis un héros.

A des lieues de là, de l'autre côté des montagnes de l'épine dorsale du monde, la jeune roturière du nom de Meralda voit son destin scellé à celui du seigneur d'Auckney. Sa passion pour le jeune et beau Jaka Sculi devra-t-elle donc céder le pas à la logique féodale? Pas si sûr, d'autant que son destin et celui de Wulfgar risquent bien de se télescoper.

A rendre neurasthénique un poisson rouge

Il y a des jours où l'on regrette d'avoir mis le nez dans un roman de la collection des Royaumes Oubliés. Si je trouve que leur réputation de littérature de seconde zone est parfois imméritée, certains titres de cette série à succès méritent, il est vrai, qu'on se réconcilie avec sa cheminée. C'est le cas de cette triste Epine dorsale du monde : la marque d'un auteur en panne d'inspiration qui nous gratifie d'un propos éclaté et aussi prenant qu'une partie de Scrabble quand votre chien a gobé toutes les voyelles. Voilà une histoire d'amour pathétique à souhait, un héros qui taquine la bouteille pour oublier les affres de son passé, et c'est ainsi que Salvatore nous remet dans les pattes l'un des personnages les moins inspirés de son paysage des Royaumes Oubliés : Wulfgar le nordique. Un personnage qu'il aurait pourtant dû laisser là où atterrira sans conteste ce roman : aux oubliettes.