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Golgotha

Jean Bonnefoy (Traducteur), Neal Stephenson ( Auteur), Manchu (Illustrateur de couverture)
Aux éditions :   -  Collection : 
Date de parution : 30/11/03  -  Livre
ISBN : 2253072559
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Eric   - le 27/09/2018

Golgotha

Golgotha débute où La Machine Enigma nous avait laissé. Récapitulons :

- 1943, après la dissolution du fameux détachement 2702, Lawrence Pritchard Waterhouse, cryptanalyste génial de la Marine U.S, est envoyé en Australie, afin d'y mener une campagne d'intox auprès des services de renseignements nippons. Cantonné à des tâches subalternes, il trouve le temps de se fiancer, et surtout d'inventer un calculateur numérique au mercure susceptible de compiler assez de données objectives pour enfin espérer casser le code AZUR. Un code grâce auquel la marine nippone parvient encore à garder quelques longueurs d'avances sur les Forces Alliées basées dans le Pacifique.

- De son côté, Bobby Shaftoe, l'ancien sergent des Marines affecté au détachement 2702, vient de se voir confier par le Général Douglas Mc Arthur en personne, la tâche de préparer les Phillipins à l'éventualité de son retour. Un ralliement de dernière minute qui étonne Shaftoe lui-même, puisqu'à ce point de l'histoire, il est considéré comme déserteur, qu'il ne s'était rendu dans le Pacifique que dans l'intention de tuer Mc Arthur, et qu'il ne se connaissait plus guère d'allégeance qu'envers la conspiration ourdie par feu le père Enoch Root (l'ancien aumônier du détachement 2702), Rudy Von Hacklheber (ancien condisciple de Waterhouse à Princeton, et inventeur du code Poisson-Globe), et le capitaine d'U-Boot Günther Bischoff, tous trois écœurés par cette boucherie sans fin. Un complot, qui vise à s'emparer du trésor de guerre des nazis, afin de s'assurer que plus jamais l'humanité n'aura à connaître pareil carnage.

- Le lieutenant de l'infanterie nippone Goto Dengo, après avoir survécu à plusieurs mois dans la jungle de Nouvelle-Guinée, est rappatrié à grands frais vers l'île de Luçon, aux Phillipines, afin d'y creuser dans le plus grand secret, une crypte destinée, elle, à accueillir les réserves d'or de la Banque Impériale Nippone.

Vous suivez toujours ? Tant mieux, alors !

- De son côté, au tournant de l'an 2000, Randall Lawrence Waterhouse, le petit fils de Lawrence Pritchard Waterhouse, est désormais associé avec d'autres informaticiens de génie, dans la création du premier sanctuaire informatique du monde. Chargé de la pose des câbles sous-marins destinés à acheminer les données numériques vers l'île de Kinakuta, il découvre, grâce à Semper Marines, la société à qui il sous-traite la pose des câbles et dont le patron n'est autre que Douglas McArthur Shaftoe (le fils de…), un sous-marin allemand chargé d'or. Dans le coffre de celui-ci, il retrouve un bout de papier sur lequel est écrit "Lawrence Waterhouse - Rose Lavande". Parallèlement, un informateur anonyme lui glisse les coordonnées précises d'un site perdu dans la jungle phillipine. Lorsqu'il s'y rend en compagnie de Doug Shaftoe, c'est pour découvrir un énorme tas de lingots. Il prend ça pour une proposition d'association émanant d'un mystérieux interlocuteur désireux de proposer les garanties fiduciaires nécessaires à la création de la première vraie monnaie informatique.

LE livre de l'année...

Ah oui, mais que voulez-vous, je vous avais dit que l'intrigue était passablement complexe. De ce troisième tome, le mieux est sans doute de ne rien vous dire du tout. Il s'ouvre sur une telle floppée de questions dramatiques qu'on se demande comment Stephenson va parvenir à toutes les résoudre. C'est simple, en fait il n'y parviendra pas. D'autant moins, qu'il ne va pas renoncer à ses digressions coutumières. Et c'est là encore un des paradoxes de cette saga. De tous les défauts qu'elle pourrait avoir, et qui finalement font tout son charme, le pire est certainement que son dénouement soit bâclé, et qu'il repose même sur une incohérence majeure dans le récit. Mais en fait… on s'en fout. On arrive au bout de ces 400 pages moins frustré d'une fin qu'on aurait espéré mieux posée que par un net goût de trop peu. On en voudrait encore ! Au bout de 1200 pages on en redemande, tant Stephenson arrive maintenant au sommet de son art. Jamais encore son style n'a été aussi fluide. Il est drôle, caustique, parvient à rendre limpide et trépidante une des intrigues les plus opaques et les plus lentes que vous n'ayez jamais rencontré. Il faut ajouter, et cela y fait aussi pour beaucoup, que Golgotha est encore une fois servi par l'impeccable traduction d'un Jean Bonnefoy, qui y a d'évidence pris un réel plaisir.

On attend donc beaucoup de Quicksilver, le prochain roman de Neal Stephenson. On espère qu'il transformera cet essai presque parfait du Cryptonomicon, qui malgré tous ses défauts reste sans doute (attention superlatif outré) LE LIVRE DE L'ANNEE 2001.

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