Julia

Julia

Fleuve noir a choisi une fois de plus, de rééditer un roman incontournable du fantastique : Julia de Peter Straub. Julia, tout comme Ghost Story, est rentré rapidement dans les livres dit "classiques" du genre après son adaptation au cinéma. Peter Straub a depuis, écrit de nombreux romans : Le Talisman (avec Stephen King), Mr X (excellent roman soit dit en passant), Koko, Mystery... et aussi de nombreuses nouvelles que l'on peut retrouver dans Magie de la terreur ou dans Sans portes, ni fenêtres. Avec Julia, qui, à titre d'information, fut écrit en 1976, le lecteur part à la rencontre d'une jeune femme en prise à des visions. Alors, fantôme ou dépression ?

Esprit frappeur

Julia a décidé de fuir son mari abusif. Depuis la mort de sa fille Kate, âgée de huit ans, elle ne supporte plus de vivre aux côtés de cet homme brutal. La jeune femme s'installe dans une maison au cœur de Londres, croyant enfin y trouver la tranquillité.

Pourtant, tout n'est pas si paisible... Les radiateurs s'allument tout seul provoquant une atmosphère étouffante, des bruits nocturnes viennent rompre le silence, l'ombre d'une enfant se glisse furtivement... Fantôme, fantasme sur sa fille morte ou mari qui la harcèle ? Julia ne sait plus quoi penser. En menant son enquête, elle découvre qu'un drame abominable s'est produit, il y a de cela vingt ans, au cœur même de sa nouvelle maison. Alors, ces phénomènes sont-ils le fruit d'une présence paranormale ou sont-ils les signes précurseurs d'une grave dépression ?

Entre réalité et fantastique

Avec Julia, Peter Straub nous offre une petite perle du fantastique classique : une histoire (somme toute banale) de fantôme hantant une maison et cherchant à se venger de son assassinat. Vous allez dire : rien de sensationnel dans tout ça. Certes... Mais Peter Straub n'est pas un écrivain quelconque, c'est un génie de l'écriture et il a l'art de faire douter le lecteur et de le mener par le bout du nez.

Au fil des pages, il faire percevoir au lecteur le désespoir et la souffrance de son héroïne fragile et vulnérable. Alors, quand commencent les premiers phénomènes, on ne sait que penser. Les premières indications laissent suggérer qu'il s'agit d'un fantôme. Mais, voilà que l'auteur glisse dans ses pages, des passages prouvant un début de paranoïa et de dépression chez son héroïne. Hésitations du lecteur... Puis de nouveau des indices font penser à des phénomènes paranormaux. Ainsi, on navigue entre réalité et fantastique, et ce jusqu'à la dernière page. Et même là, on reste perplexe... Le doute est toujours présent.

Julia a été écrit, il y a de cela 30 ans, et pourtant, il ne fait pas partie de ces classiques du fantastique qui vieillissent mal, bien au contraire. Tous les personnages de ce roman sont torturés, voire névrosés... La gamine Olivia vous donne froid dans le dos et vous espérez ne jamais rencontrer une enfant comme cela. Je le répète, Peter Straub est un virtuose du fantastique et il démontre son talent une fois de plus avec ce court roman.