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Le Chant des elfes

Tiburce Oger (Scénariste, Dessinateur, Coloriste)
Aux éditions :   -  Collection : 
Date de parution : 31/01/04  -  BD
ISBN : 2869679173
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Laurent   - le 20/09/2018

Le Chant des elfes

Tiburce Oger est entré dans le monde de la bande dessinée par la grande porte en publiant pour la première fois en 1993 les aventures de Gorn, le chevalier fantôme, appelé à devenir un cycle phare de la fantasy des années 90. Six ans plus tard, Mon Amour, un soir... (Gorn 8) clôturait le cycle de "l'errance du chevalier fantôme" tel que nous le présentait en épigraphe un sticker collé sur la couverture. La sortie, toujours chez Vents d'Ouest d'un Gorn 9 a donc produit sur moi l'effet d'un champignon magique sur une tortue koopa : ça m'a scié. Sur le coup, j'ai cru flairer l'arnaque éditoriale avec un énième retour d'entre les morts de l'éternelle figure de Gorn. Mais Tiburce Oger est trop intelligent pour ça et mérite toutes mes excuses, car ce nouvel opus inaugure un cycle "d'après Gorn", où comment le rêve et le merveilleux vont se réintroduire dans la vie de ceux qui ont mis autant d'énergie à l'évacuer de leur vie...

Celle qui sait parler aux morts

Maëlle a bien grandi depuis que l'image de son fantôme de père, le chevalier Gorn, et celle de sa mère, la tendre Eliette se sont envolées pour la dernière fois avec neige hivernale. Avec le temps, elle a appris à accepter la réalité, et rejeter comme un rêve d'enfant ses histoires de fantômes. Aujourd'hui, elle veut vivre en femme, à l'instar d'Eloïse qui attend la naissance incessante de son premier enfant de Dorian. Mais l'accouchement s'annonce difficile, et les forces d'Eloïse s'amenuisent comme le flux d'une clepsydre qui se vide. Aussi la Vénérable décide-t-elle de conduire la demi-elfe au coeur de la forêt de ses ancêtres, là où, Dame Gorge avait rencontré des elfes. Et qui sait après tout si cette rencontre n'était que fable : en ces temps où les Yeux Rouges (et même un skroll!), jadis éradiqués des terres par les armées de Gorn lui-même, réapparaissent et sèment la terreur, les légendes reprennent vie. Qui sait quel terrible secret recèle encore l'existence de Maëlle, qui s'entretint enfant avec ses parents disparus, et qui a désormais fait d'eux des souvenirs ?

Nouveau départ

En réintroduisant la magie (au sens propre) de Gorn, dissipée dans le tome 8, et en se focalisant sur le personnage de Maëlle, Tiburce Oger nous propose ici un véritable second cycle dans l'univers de Gorn, plutôt qu'une transition en douceur entre deux tomes successifs. Le projet est ambitieux, tant les pistes explorées et parfois laissées en suspens dans les tomes précédents ménagent de possibilités scénaristiques à la vie d'adultes des filles de Gorn: Eloïse et Maëlle. Du point de vue de l'histoire donc, on se laisse aller à l'enchantement des elfes et aux pouvoirs de Maëlle et le charme reprend sans faillir.

Graphiquement, le changement est tout aussi notable. Outre l'aspect très surprenant de la grande prêtresse de Rivas (qui me fait furieusement penser à la méchante reine de La Belle au bois dormant de Disney !), de nombreuses évolutions plus ou moins heureuses boulversent la physionomie du monde désormais si pregnant de Gorn. Dès le début de ma lecture, un détail graphique me chagrinait sans que je réussisse à le pointer de doigt, malgré son évidence. Il s'agit du choix d'avoir réalisé les encrages en sépia plutôt qu'en noir. Ajoutez à cela un dessin plus brouillon qu'à l'habitude et vous obtenez une impression de flou assez étrange et dérangeante, même quand ce flou participe à la mise en relief des elfes éthérés. J'ai aussi été désagréablement surpris par le lettrage informatisé et franchement peu lisible adopté dans ce tome. Ceci dit, ce retour de Tiburce Oger aux monde fantastique de Gorn demeure une vraie bonne surprise, à peaufiner un peu pour la suite, peut-être?

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