Au Fil de l'Epée
On ne le dira peut-être jamais assez mais Internet est tout de même un formidable outil ; la preuve, des scénaristes et des dessinateurs se rencontrent par-delà les frontières et enrichissent d’autant plus le monde du 9ème Art. Philippe Saimbert a en effet rencontré tous ses dessinateurs, à l’exception de Séra, via le web. La première maison d’édition à lui faire confiance est Albin Michel, il y publie
Les Processionnaires, dont le troisième et dernier tome a été entièrement réalisé par Séra. Toujours chez le même éditeur est paru en janvier, dans la nouvelle collection Haute Tension, le premier tome du diptyque
Break point, dont les dessins sont de Mutti, un thriller sombre et efficace qui ravira les fans de suspens. Delcourt accueille
Les Âmes d’Hélios, une série de science-fiction prévue en cinq tomes. Le dessinateur Roberto Ricci publie pour la première fois en France. Cet italien de 27 ans est tombé dans la bande dessinée quand il était petit. Il est très à l’aise dans l’univers de la science-fiction, ce qui surprend moins lorsque l’on sait que deux de ses auteurs préférés sont Moebius et Gimenez. Si vous voulez plus d’infos, n’hésitez pas à aller visiter son site officiel :
www.riccirob.com La jeune et vaillante Ylang poursuit avec acharnement son initiation sur l’énigmatique Hélios Ylang continue son apprentissage afin de devenir un jour un Dragon rouge. La route est longue et semée d’épreuves. Afin de devenir la novice de l’un des plus respectés Dragons, le Dragon Kash, elle doit encore en subir deux : un combat à mort avec son concurrent et survivre au pyroliseur idéologique. Pendant ce temps, les étranges créatures qui peuplent les égouts d’Hélios sont de plus en plus agressives et s’aventurent de plus en plus loin, et les entrailles d’Hélios abritent quelque chose d’inconnu et de terrifiant. Les Cardibans tiennent conseil : en plus de tout cela, de mystérieuses visions apparaissent aux fidèles, celles-ci remettraient en doute les écrits apocryphes.
« Le Torkamak nous a délivrés des hérétiques et conduits en terre sainte » Enfin le deuxième tome des aventures d’Ylang. La belle héroïne des Âmes d’Hélios poursuit son initiation avec acharnement repoussant toujours plus loin ses forces. Sa détermination est sans faille, sa mère lui rappelle sans cesse qu’elle doit sortir de sa condition d’écusson noir et que cela se fera dans la souffrance et les larmes. La brutalité et la froideur sont les seules armes pour s’imposer dans le demi-chaos qu’est Hélios. Mais malgré tout, Ylang garde sa naïveté, sa spontanéité, sa douceur. Et ses larmes coulent encore de nombreuses fois. Cependant à force de lutte, de coups aussi bien physiques que psychologiques (comme les gestes de tendresse que sa mère lui refuse), Ylang ne va-t-elle pas perdre son humanité ? Que deviendra la chrysalide une fois la transformation en papillon accomplie ? Dans ce deuxième volet, certains personnages secondaires se révèlent un peu plus, telle Byrd ou le Dragon Kash. La belle amante noire est une combattante hors pair qui vit seule éloignée de tous. Elle n’est accompagnée que d’un drôle animal de compagnie qui, on le sent, va avoir un rôle déterminant. Saimbert aime à complexifier ses personnages, chacun est hanté par ses propres démons et s’efforce de vivre avec. La pureté d’Ylang semble révéler en eux des sentiments qu’ils avaient oubliés.
Cet album confirme l’excellente impression que nous avait laissée le premier tome. Saimbert et Ricci mettent peu à peu en place un univers SF très convaincant, dramatique et tristement flamboyant. Saimbert révèle moins qu’il n’y paraît, il soulève juste un pan du rideau pour nous perdre un peu plus en spéculations diverses. Un suspens extrêmement bien ménagé qui nous fait attendre avec une impatience non dissimulée le fin mot de cette histoire. Qui sont réellement les Cardibans ? Qu’est Hélios ? Où ont-ils atterri et pourquoi ? Sans oublier les dizaines d’autres qui se bousculent à chaque nouvelle découverte. Et la case 3 de la page 18 soulève son lot d’interrogations : le Dragon qui se tient à la proue du navire ressemble à si méprendre à Ylang, simple astuce ou anticipation ?
Plus violente et plus dure que
Sillage, cette série de science-fiction met en scène une jeune fille du même âge mais sur un mode plus sombre que la série de Morvan et Buchet. Gageons que la jeune Ylang deviendra aussi connue que Navïs. En bref, une des meilleures séries de S-F à avoir absolument dans sa bibliothèque.