Quelque chose de merveilleux
Jérôme Leroy est l'auteur de plusieurs romans de la même veine : Monnaie Bleue, Big Sister, Bref rapport sur une fugitive beauté, la Grâce Efficace… Fan de K.Dick, Orwell et Ballard, il réunit ici plusieurs de ses textes, parus dans d'autres recueils et anthologies.
Anticipation, cynisme et fantastique
Composé de douze textes (déjà publiés), Quelque chose de merveilleux mêle plusieurs genres et époques, en s'appuyant sur le principe de la courte nouvelle à final retentissant. Si certaines font éclater de rire (comme le fabuleux destin de Virginie Moulin), la grande majorité donne dans le noir très noir. Fin du monde, fin d'un monde, délire de persécution (il y a un peu de Philip K.Dick derrière tout ça…) ou franc pessimisme, Jérôme Leroy semble se délier - c'est le terme exact - de notre univers pour le juger. Il y a un rien de moralisme là-dedans, derrière le ton cynique de certaines nouvelles : les gens sont des cons et on n'a rien compris à rien. Si cette petite voix péremptoire peut apparaître parfois comme agaçante et redondante, elle procure également de véritables petits bonheurs cyniques, de ceux qu'on cache au plus profond de notre optimisme consommateur, par conformisme. Sa violence - d'idées, je vous rassure- écrase parfois l'élan poétique de l'auteur qui ne semble pas savoir, tout comme nous, s'il faut vraiment rire ou pleurer sur ce monde qui périclite.
Fichu bon sens !
Pour ne pas perdre ce sentiment de jubilation, il faut espacer la lecture des nouvelles, de crainte d'être vite embarrassés par une noirceur qu'on voudrait toute personnelle, pour ne pas y croire vraiment. Fichu bon sens ! Jérôme Leroy semble en vouloir à tout le monde sauf à son lecteur qui, par empathie, ne manquera pas de se reconnaître dans la plupart des nouvelles de son recueil.