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Les anciens dieux

Leigh Eddings ( Auteur), David Eddings ( Auteur), Emannuel Le Roux (Illustrateur de couverture), Jean-Claude Mallé (Traducteur)
Aux éditions :   -  Collection : 
Date de parution : 31/05/04  -  Livre
ISBN : 2265077526
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Anne   - le 27/09/2018

Les anciens dieux

Un vieux débat

On a tendance, communément, à dire qu'un auteur est facilement moins bon quand il connaît le succès. On décortique son nouveau roman pour le prouver. On tamise l'intrigue pour y trouver de l'or. On est persuadé que la créativité est optimisée par la misère. C'est un vieux débat littéraire, surtout en SF, alimenté par de nombreux clichés et une part de vérité. Une signature ouvre toutes les portes et on pense, du coup, qu'un auteur n'a plus besoin de son public pour faire d'un de ses romans un best seller.

Des best sellers !

Eddings vend. Eddings plait. David Eddings a 72 ans, sa femme ne doit pas avoir beaucoup moins et aux Etats-Unis, ce sont des auteurs stars. N'importe quel éditeur leur ferait un pont d'or pour avoir la primeur d'un de leurs cycles. Si quelqu'un dit qu'il n'a pas lu la Belgariade, on ouvre des yeux ronds. Quoi ? Mais il faut absolument lire la Belgariade ! Bon, évidemment, il y a beaucoup de Tolkien, dedans. C'est un classique ! Dira-t-on, dans quelques années, qu'il faut absolument avoir lu les Rêveurs ? Si la Belgariade charmait par son intrigue facile et l'humour des dialogues, ce cycle laisse planer le doute. Effectivement, on pense tout de suite à une facilité des auteurs. Pourquoi ? Parce que les dialogues, peu aidés d'ailleurs par la traduction, ont perdu de leur charme, parce qu'il y a des illogismes terribles, parce que suivre des dieux dans leur quête nous ôte le plaisir de l'initiation.

L'intrigue ? Génial et simplissime !

Huit dieux bienveillants règnent sur le monde. Durant le premier cycle (plusieurs milliers d'années), quatre d'entre eux s'occupent de la terre, tandis que les quatre autres, profondément endormis, rêvent le monde. Le cycle suivant, ils échangent leur place. Un autre dieu, maléfique, celui-là (il faut bien un peu de Sauron dans cette histoire) a compris que, durant le relève, les dieux étaient affaiblis et compte donc les anéantir pour dominer le monde. Et comme l'ingéniosité naît souvent du chaos, il a crée des êtres mi insectes mi reptiles pour le servir.

Il faut une certaine ouverture d'esprit pour apprécier ce premier tome. Les lecteurs férus de cohérence, de drame et de grandes destinées seront vite déçus. Tout d'abord, les héros sont des dieux. Ensuite, ils ont des conversations totalement absurdes. Primesautiers, ils passent d'émerveillement en émerveillement en découvrant les hommes qu'ils ont négligés. L'humour potache des Eddings n'y survit pas. Un exemple ? Un des dieux a été exilé sur la lune pour avoir suggéré à Notre Mère l'Eau de porter des rayures.Alors, quand tout le monde frémit parce que le monde est en danger ou lorsqu'un des guerriers raconte la mort de son aimée, on
ricane. Ce n'est plus très crédible.

Une mauvaise répartition de la matière

Il y a de tout, dans ce roman. A croire que les Eddings ont voulu y mettre plusieurs concepts, plusieurs idées qui leur tenaient à cour. La Belgariade et la Mallorée, ainsi que Belgarath le sorcier et Polgara avaient cette maîtrise d'une charpente sans faille qui permet de passer sur les petites touches naïves ou les maladresses d'écriture. L'ensemble se lit néanmoins bien. Normal ! Il ne manquerait plus que ce soit compliqué ou franchement pompant ! Car le pire réside justement dans l'impression d'inachèvement que l'on ressent tout au long de la lecture. La tiédeur envahit les pages. Il faut tout de même pas mal de talent pour ne pas arracher un bâillement à son lecteur. En cela, le talent d'Eddings reste intact (si tant est qu'on puisse véritablement perdre son talent comme on perd ses cheveux ou qu'on perd au poker).

Une impression de gâchis.

Le Dieu-Pierrot compagnon de la lune est encore le mieux réussi mais là, encore, on sent que le personnage a été à peine esquissé, que les auteurs ne sont pas allés jusqu'au bout de leurs pensées. Du coup, l'effet ne fonctionne pas et le seul sentiment que l'on retire s'approche de la déception. Impossible de déterminer si le succès a amenuisé l'imagination des Eddings mais ce qui est certain, c'est que, trente ans après la sortie de leur premier roman, personne ne leur a proposé de scinder leur roman en plusieurs cycles bien distincts ou de creuser leur vision de celui-là. Dommage.

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