charlotte
- le 31/10/2017
4 Fesses
Nicolas Poupon ne se destinait pas à devenir auteur de bande dessinée. C’est à 19 ans qu’il se découvre une passion pour ce média. Il laisse donc tomber ses études d’histoire pour une Fac d’Arts plastiques. Depuis, il a publié une demi-douzaine d’albums dont le plus connu est Le Fond du bocal (Le Cycliste). Vous avez également pu le croiser au détour des pages de BoDoï avec notamment ses strips des Aventures de Michel et le Professeur (Triskel).
« Papa, c’était sa théorie, 4 fesses était une extraterrestre. Maman, elle, elle disait que non. Mais nous, on préférait croire Papa… »
De nouvelles voisines viennent de s’installer dans l’immeuble de Maxime. De vieilles jumelles pas très agréables et qui se ressemblent comme deux gouttes d’eau, mêmes robes, mêmes lunettes, mêmes cheveux, mêmes nez, tout pareil. Le Papa de Maxime les surnomme « 4 Fesses », et selon lui, elles seraient en fait d’origine extraterrestre ! Si Maxime rigole bien derrière leur dos, il redoute de croiser « 4 Fesses » dans l’escalier. Un jour qu’il rentre du marché, il ne peut les éviter, mais sa rencontre lui en apprendra beaucoup : il sait désormais reconnaître « 4 Fesses », elles ne portent pas les mêmes chaussettes. Une première faute qui met en péril leur complot extraterrestre. La deuxième sera leur présence, comme par hasard, à côté de M. Richard qui vient de tomber dans l’escalier.
Une tentative de retrouver l’imaginaire enfantin qui malheureusement n’atteint que partiellement son but
4 Fesses est le deuxième tome de Super Sensible, série dans laquelle Nicolas Poupon tente de retrouver ce qui faisait le sel de l’enfance : une imagination fertile teintée de naïveté. Toujours écrit à la première personne, cette nouvelle « aventure » est entièrement vue par le prisme du petit garçon de huit-dix ans qu’est Maxime. Ainsi, les bêtises que peut raconter son père sont prises pour argent comptant, un papa qui favorise par là même l’imagination déjà fertile de son fils. Voir débarquer des extraterrestres, parler au fantôme de son hamster ou dialoguer avec le Hulk de son affiche font partie de la vie de Maxime, d’où un récit qui lorgne vers le fantastique sans jamais franchement y tomber.
Maxime vit une sorte de rêve éveillé, il bâtit des chimères pour trouver des explications à ce qui le terrifie et en premier lieu le couple de jumelles de son immeuble. Les enfants souriront peut-être de ces facéties et de ces délires, mais les adultes restent en marge de cette histoire. Il y a certes beaucoup d’éléments sympathiques mais leur agencement et leur légèreté ne parviennent pas à faire replonger le lecteur dans les souvenirs aux couleurs acidulées de l’imaginaire et de l’enfance. En plus de la difficulté que l’on éprouve à rentrer dans le récit, une difficulté due à une narration trop lente, il manque une touche d’humour qui aurait rendu l’album plus séduisant et pour le coup plus sensible encore. Le créateur du Fond du bocal, moins inspiré que d’habitude, ne parvient pas dans cet album à rendre véritablement la saveur de l’enfance.