La Recrue

La Recrue

Matz est né à Rouen en 1967. Il signe le scénario de son premier album, Bayou Joey, en 1990 aux Editions Futuropolis. Il a également scénarisé une autre série chez Casterman, Du Plomb dans la tête.

Luc Jacamon a sorti son premier album en tant que dessinateur en 1998, Long Feu, premier tome de la série Le Tueur. Cette série marque le début de la collaboration avec le scénariste Matz, qui se poursuit aujourd’hui avec Cyclopes.

Privatisation de la guerre

2052, l’Organisation des Nations Unies est débordée par le nombre de conflits qui règnent dans le monde, elle ne peut plus fournir de soldats et d’armes sans prélever plus d’argent à ses états membres, qui refusent.

Une résolution est alors votée : déléguer à des sociétés privées une partie de la gestion des conflits.

C’est la société Multicorps Security Inc. qui décroche le premier contrat. Pris à la gorge pour trouver du travail et gagner de l’argent, Douglas Pistoia accepte l’offre de la société et devient un « soldat du maintien de la paix ». Il va se retrouver sur le terrain en Turquie, disposant d’un matériel très sophistiqué : armes, combinaison mais également un casque disposant d’une caméra.

Cet objectif permet à la Multicorps Security Inc. de vendre à prix d’or aux chaînes de télévision des images du déroulement de la guerre en direct et au cœur de l’action. Il donne également le surnom de « cyclopes » aux soldats.

Très vite, Douglas est mis en avant par les têtes pensantes de la société et reçoit promotions et argent mais dans quel but ? Que devra-t-il faire en échange ?

Jusqu’où la télé ira-t-elle ?

Matz met le doigt là où ça fait mal avec ce premier tome. Depuis la guerre du Golfe, le traitement de la guerre est devenu un show télévisé mais censuré et aseptisé. 

La Recrue va encore au-delà, car c’est maintenant une société privée qui a le monopole des images. Pour pouvoir payer leurs armements sophistiqués, elle vend les images tirées des interventions en direct. Au programme, tirs, combats et morts. Les chaînes se ruent sur l’occasion et organisent de véritables grandes messes télévisuelles.

Au-delà de cette critique virulente des médias et de leurs dérives, Matz ajoute une d’intrigue de fond intéressante. Le personnage de Douglas est l’objet de beaucoup d’attention de la part des ses employeurs. Trop pour que leurs intentions soient honnêtes.

Le scénario très attractif est bien servi par le trait de Jacamon. Le découpage des cases change et s’adapte à l’action décrite dans les pages. On trouve beaucoup de gros plans de visages dans ce premier opus qui nous présente les personnages principaux. On attend maintenant le deuxième tome avec impatience.