charlotte
- le 31/10/2017
Volume 3
Morvan et Buchet font de nouveau appel à de jeunes dessinateurs pour mettre en images ce troisième volume des Chroniques de Sillage. On retrouve cette fois au casting uniquement des dessinateurs qui colorisent eux-mêmes leurs planches. Premier essai pour les uns ou récréation graphique pour les autres, ils se nomment Nicolas Nemiri, Bruno Duhamel, Pedro Colombo, Laval NG et Gérard Parel.
Retour sur le peuple Ftoross
Le lecteur avait pu découvrir la misère du peuple Ftoross dans le cinquième tome de Sillage. Un groupe avait pris en otage Nävis, et menaçait par là même le convoi d’un génocide, pour forcer les membres de la Constituante à distribuer gratuitement des médicaments contre l’épidémie qui sévissait.
La fin tragique de la prise d’otage et la lente agonie de son ami a ébranlé la courageuse Nävis. Dès lors elle décide de vivre deux fois plus intensément, quitte à prendre des substances illicites, des pilules fabriquées avec une glande spéciale que génèrent les femmes Ftoross enceintes et dont l’ablation leur coûte la vie. Lorsqu’elle découvre la manière dont ces « Praig-Nann’t » sont produites, elle se met en tête de démanteler l’odieux trafic.
Un troisième opus qui innove dans la forme en proposant une histoire complète à travers cinq courts récits
Suite directe du cinquième volume de Sillage au nom imprononçable et indéchiffrable -dont la traduction nous est enfin révélée : La Vie pour les miens-, ce troisième opus des Chroniques innove par sa construction. Si les deux premiers tomes étaient une suite d’anecdotes décousues qui prenaient parfois racine dans les différentes histoires de la série, celui-là met en scène un récit complet découpé en cinq chapitres, chacun pris en charge par un dessinateur différent.
Un pari qui ne tient pas toutes ses promesses. Le manque d’homogénéité brise l’illusion du récit complet en caricaturant les différentes phases de l’histoire. Le trait et les couleurs tendrement pastel de Nemiri conviennent parfaitement au récit empreint de pathos de la jeune compagne du leader des terroristes. A mille lieux de lui « Xen-Auto-Phobia » met en scène une Nävis en colère et prête à tout pour remonter la filière des trafiquants. Résultat un épisode nerveux que rend Laval NG avec une influence de comic book. Pris séparément ces épisodes sont plutôt bons, mais leur enchaînement manque de fluidité et ils deviennent caricaturaux dans leur mise en place et leur déroulement. Soit on est entièrement dans le flash back, soit dans l’action la plus totale. Du coup, il manque une cohérence que les auteurs ont pourtant cherché à compenser par le fil conducteur scénaristique simple et clair.
Cela donne un récit syncopé, renforcé par la grande disparité graphique des auteurs, un atout pourtant majeur des Chroniques. Pourtant, l’amateur sillagien saura y trouver son bonheur à travers les thèmes abordés par Morvan et Buchet. Une dénonciation comme toujours un peu simpliste mais efficace pour le récit : la misère subie et dont on finit plus ou moins par s’accommoder, le manque de scrupules de ceux qui l’exploitent y compris au sein même de la communauté, la non-intervention des pouvoirs publics, la force de la contestation pacifiste… Bref, beaucoup de bons sentiments, mais est-ce finalement un mal ?
A noter, un cahier graphique d’une dizaine de pages accompagne la première édition où vous découvrirez une interview de Morvan, accompagnée de quelques insertions de Buchet, et une traduction complète des dialogues Ftoross du cinquième tome.