Cicatrices
Titulaire d’une maîtrise d’histoire, chanteur dans un groupe de rock, Sylvain Runberg est passé par la librairie et l’édition avant de se consacrer aux scénarii de BD. Il est l’auteur de la série Les Colocataires et en prépare une autre sur le thème des vikings, Hammerfall, toutes les deux chez Dupuis.
A l’origine publicitaire, Serge Pellé lui a fait un détour par la bande-dessinée durant les années 90 avant de se consacrer aux décors de théâtre, aux jeux-vidéo, aux dessins animés et aux storyboards. Pour son retour au 9ème art, il signe avec Runberg un cycle de SF dont le premier tome, Cicatrices, vient de paraître.
Vous descendez à quelle station ?
La station Orbital est le siège du pouvoir de la confédération galactique. Cet organisme « multicivilisationnel » vieux de 8000 ans vient d'accueillir en son sein les misérables et sanguinaires humains. Caleb Swany est à ce jour le seul d'entre eux à avoir eu l'honneur d'intégrer l'Organisme Diplomatique Intergalactique, chargé de garantir la paix entre les milliers de mondes qui composent la confédération. Pour sa première mission, il devra faire équipe avec Mézoké Izzua, originaire de la planète Sandjarr. Dur dur quand on sait que la première initiative des humains, après avoir obtenu le voyage interstellaire de la confédération, fut de voyager aux confins de l'espace connu et d'y massacrer allègrement les autochtones de Sandjarr jusqu'à la quasi extinction.
Géostationnaire
Sans être d'une originalité folle, Orbital est un sympathique space opéra qui ne déroge pas aux règles. On y croise quelques archétypes convenus : le héros un peu plat, l'extraterrestre mystérieuse, les vilains machiavéliques qui complotent dans l'ombre, les bestioles visqueuses dévoreuses d’humains, les ploucs de province qui n'aiment pas les étrangers et des extraterrestres en veux-tu en voilà de toutes les formes et de toutes les couleurs. Ce premier tome, intitulé Cicatrices, met en place l’univers et les personnages, à coups de flash-back holographiques et de discussions dans les couloirs de spatioports sans vraiment entrer dans l’action avant les cinq dernières pages.
Le dessin est à l’image du scénario : efficace mais sans génie. Les auteurs se permettent même parfois quelques libertés avec la structure des cases qui peuvent déstabiliser - j’ai dû relire deux fois certaines pages. Bonne idée, la retranscription d’un « message holographique » sur une double page découpée en fines bandes alternant texte et image, l’effet est très immersif. Mais pourquoi le gâcher dès la page suivante en mélangeant trois lignes avec la structure normale de la bande dessinée ? Dommage, l’effet est brisé et tout cela laisse une impression d’inachevé.
Orbital est tout de même une BD sympathique qui se lit toute seule. Quelques éléments, comme la station qui donne son nom à la série, sorte de porte dimensionnelle entre les espaces-temps, laisse présager une suite un peu plus originale, mais un unique tome suffira-t-il à inverser la tendance ? Réponse au printemps de 2007 avec la parution de Ruptures.