La Nef des fous

La Nef des fous

Jusqu’ici Richard Paul Russo était plutôt un inconnu en France. Et pourtant dès son deuxième roman, Subterranean Gallery, il a remporté en 1989 le Philip K.Dick Award. Un prix qui lui a été de nouveau attribué pour La Nef des Fous paru en 2001. Entre-temps, il a écrit une trilogie futuriste : Carlucci avant de rédiger The Rosetta Codex l’année dernière.

Seuls dans l’espace

Les milliers d’habitants du vaisseau l’Argonos sillonnent l’espace depuis des siècles. Ils errent d’étoiles en étoiles à la recherche de colonies humaines oubliées. Peu à peu toute une société s’est recrée à bord du Vaisseau, avec une classe dirigeante et une classe dirigée et avec des factions qui s’affrontent pour le pouvoir. Et en général, les tensions s’exacerbent lorsqu’une planète est découverte. Et justement, au début du livre, l’Argonos s’approche d’Antioche, une nouvelle planète qui apparemment a été une ancienne colonie humaine. Seule hic, sur place, tous les habitants semblent avoir été massacrés de manière horrible. Le spectacle est si atroce qu’ils repartent aussitôt pour tomber quelques mois plus tard sur un vaisseau alien. Une découverte majeure ! C’est la première fois qu’une trace de vie intelligente autre qu’humaine est trouvée ! Les deux événements sont-ils liés ?

Un excellent space opéra

Disons le sans détour, La nef des fous est un excellent roman. Un space opéra qui se dévore d’un bout à l’autre avec des chapitres très courts et un suspens qui monte progressivement au fil des pages. Certains passages sont carrément jubilatoires. D’abord parce que le héros, difforme de naissance, est attachant dans ses doutes et sa différence. Ensuite parce que Richard Paul Russo sait à merveille transmettre au lecteur l’exaltation d’une situation, que ce soit un moment de tension ou le merveilleux d’une exploration sur Antioche ou sur le vaisseau Alien. Enfin parce que la structure même de la société de l’Argonos est passionnante avec les jeux de pouvoirs et les discussions qui accompagnent toute décision. Le vaisseau même est un mystère passionnant, même si Richard Paul Russo se focalise surtout sur la classe dirigeante.

Le résultat de tous ces points positifs est une lecture très agréable et passionnante. Pour autant, le livre n’est pas exempt de quelques défauts et incohérences. Parfois l’auteur se lance dans des pistes qu’il n’explore pas complètement et le final assemble des éléments de l’histoire de manière un peu artificielle. Comme s’il ne savait en écrivant où il se dirigeait. Rien de grave cependant ou de rédhibitoire. La Nef des Fous reste un excellent space opéra qui fait plaisir, avec un vrai sens du suspens et de la narration et une vraie qualité d'écriture. Et la fin de l’histoire appelle à une suite. Espérons que Richard Paul Russo l’écrira…