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L’île aux Loups

Philippe Gauckler (Scénariste, Dessinateur), Ngam (Coloriste)
Aux éditions :   -  Collection : 
Date de parution : 30/04/06  -  BD
ISBN : 2803621681
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Lavadou   - le 31/10/2017

L’île aux Loups

Né en 1960, Philippe Gauckler a démarré sa carrière BD dans Metal Hurlant au début des années 80, en dessinant des histoires courtes de Charles Imbert, qui seront réunies en album dans Suicide Commando et Duel. Il a à son actif, en tant que dessinateur, d’autres séries plutôt SF comme Blue, Convoi et Les aventures de Karen Springwell. Parallèlement, il est illustrateur SF et on lui doit notamment la très belle couverture de Stalker, des frères Strougatski, chez Présence du Futur. Après 10 ans d’absence dans la BD, Philippe Gauckler revient avec une nouvelle série, Prince Lao, qu’il scénarise et dessine, et dont L’île aux Loups est le premier tome.

Partir à l’aventure


Lao, petit garçon d’une tribu de bergers des montagnes himalayennes, doit retrouver un jeune yack qui s’est écarté du troupeau. Alors qu’il le ramène au campement, une avalanche engloutit le petit village et toute la famille de Lao. Perdu au milieu des neiges, Lao est recueilli par le yéti Chabala. Le garçon découvre alors une nouvelle famille d’animaux sympathiques et va partir à l’aventure pour sauver l’un d’eux.

Une douce et tendre chaleur


La couverture de L’île aux Loups annonce d’emblée le ton général de la BD, tant au niveau du graphisme que de l’histoire : des couleurs chaudes et vives, des personnages animaliers qui ressemblent à de grosses peluches, un petit garçon pour héros… Tous les ingrédients sont là pour attirer l’œil du jeune public. Les planches de l’album sont fidèles à cette première impression : elles sont empreintes d’une tendresse innocente qui ravira les petits, les plongeant dans une douce insouciance malgré la tragédie initiale et les péripéties de Lao. Certains personnages, comme Shepa, apportent même un humour bon enfant sans niaiserie infantile.

Les aventures de Lao ont par ailleurs un petit côté « voyage initiatique » et moral qui n’est pas pour déplaire : découverte de nouveaux lieux, expérience de la cupidité et de la cruauté des hommes, un peu de magie qui symbolise la foi en ses rêves… Cette BD ouvre des horizons aussi bien géographiques que spirituels.

Des défauts pénalisants auprès des plus grands


Si L’île aux Loups peut ainsi largement satisfaire les jeunes enfants, il risque de ne pas convaincre les plus grands. Tout d’abord au niveau du graphisme : si la colorisation est de bonne qualité, le trait est moins séduisant, un peu approximatif. Les proportions des personnages ne sont pas toujours correctement restituées, ce qui donne à quelques cases un côté un peu bancale. Ensuite, le découpage est assez statique, même dans les scènes d’action : beaucoup de cases se ressemblent dans une même planche, montrant des plans moyens ou rapprochés qui laissent peu de place aux décors. Cela donne une impression d’immobilisme et de pauvreté de l’environnement des personnages.

Du point de vue de l’histoire, Gauckler apporte peu de cohérence à son intrigue et aux lieux et personnages qu’il met en scène. Notamment, il néglige le rôle pédagogique et culturel de son ouvrage en n’exploitant pas suffisamment les particularités et le mode de vie des peuples himalayens. L’importance des croyances est à peine abordée alors qu’il s’agit d’un ressort de l’intrigue. Lao pourrait finalement être n’importe quel petit garçon n’importe où dans le monde.

A propos de Lao, sa capacité à se laisser entraîner dans ses aventures sans véritablement se soucier de ce qui est arrivé à sa famille est un peu surprenante. Certes il en est attristé mais semble plus prompt à s’inquiéter pour ses nouveaux amis que pour les gens de son village. D’ailleurs, la mort est traitée un peu à la va-vite, comme le montre celle d’un animal à la fin de l’album, évoquée en à peine deux cases et sans émotion…


Pour les jeunes enfants

Ces quelques défauts empêcheront certainement les adolescents et les adultes d’accrocher à cette BD. Mais ils ne sont absolument pas rédhibitoires pour un public plus jeune qui y trouvera suffisamment de plaisir, surtout au niveau visuel. De plus les aventures de Lao ne font que commencer et Philippe Gauckler a le temps d’améliorer ces imperfections et d’approfondir ses personnages et leur environnement, tant physique que culturel.

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