Le peuple du sel, Cabaret Miki – 1.

Le peuple du sel, Cabaret Miki – 1.

On le sait, adapter La Compagnie des glaces en bande dessinée est une véritable gageure. Un défi relevé par le studio Jotim qui rassemble des dessinateurs et des coloristes pour assurer tous ensemble deux à trois volumes par an. Le peuple du sel n’est autre que leur huitième album en moins de trois ans ! Pas mal dans un média où les séries se publient au rythme habituel d’un tome par année.

Derrière Jotim se cache le porteur du projet : Philippe Bonifay, un scénariste BD qui est né en 1959 et qui a commencé comme comédien professionnel dans une compagnie de théâtre. C’est sa rencontre avec Christian Rossi (lui aussi dans le collectif Jotim) qui va le mettre sur les voies des bulles. Ensemble ils réalisent Le Chariot de Thespis avant que Philippe Bonnifay ne vole de ses propres ailes et accumulent les séries (Zoo, Le Passage de la Saison Morte, Jane, Pirates ou La trilogie noire)…

Un bébé poilu

Atypique pour ses contemporains, Lien est un glaciologue qui a su dépasser ses préjugés pour aller à la rencontre des Roux, une race d’humains qui ont su évoluer pour vivre dans la neige et la froidure extrême de ce monde revenu à l’ère glaciaire. Il est même tombé amoureux de l’une d’entre elle : Jdrou avec qui il a eu un petit enfant métisse. Malheureusement, lorsque Jdrou est enlevée, il doit s’occuper de son fils et mener sa petite enquête… Mais pas facile d’avoir un bébé poilu dans un monde imberbe. Encore une fois, Lien va devoir ruser pour échapper aux autorités.

Une série qui manque un peu de hauteur

Adapter un cycle aussi gigantesque impose toujours de faire des choix au niveau du scénario. Pour l’heure l’équipe de Jotim respecte apparemment bien la trame du récit initial. On regrettera simplement un petit manque de hauteur. On suit tous les rebondissements des aventures de Lien mais il nous manque quelques éléments pour avoir une vision claire de la situation géopolitique du monde de La Compagnie des glaces. C’est un peu comme si on avait la tête dans le guidon sans saisir le paysage dans son ensemble. Dommage. Côté dessin, cela va mieux. Les couleurs se sont améliorées et les planches n’en ressortent que mieux. Les personnages se sont dans le même temps affirmés au niveau de leurs visages. Tout n’est pas rose, il y a encore quelques maladresses et il manque ce petit plus qui ferait de ces planches classiques des dessins superbes. Mais globalement il y a du mieux ! Espérons que cela augure bien de la suite.