Mysteries
Roger Seiter a à son actif cinq séries, dont Coeur de Sang (avec Vincent Bailly et Isabelle Mercier, fantasy), Dies Irae (avec Max et Isabelle Mercier, thriller), ou H.M.S. (avec Johannes Roussel) et un one-shot, Simplicissimus avec Claude Guth, Frédéric Pillot et Isabelle Mercier. Il a déjà travaillé avec Vincent Wagner sur La Sorcière de Bergheim.
Mais Roger Seiter a un net penchant pour les mystères et enquêtes situés dans l'Angleterre victorienne, comme l'attestent sa série Fog (avec Cyril Bonin), qui en est à son sixième album, et maintenant la série Seule contre la Loi, avec Vincent Wagner, dont le premier volume vient de paraître.
Londres, 1875
La jeune Valeria Brinton vient d'épouser Eustace Woodville, dont elle est tombée folle amoureuse quelques semaines auparavant. Elle s'imagine que rien ne pourra jamais entacher leur bonheur... Elle est vite détrompée par une accumulation de faits mystérieux et de comportements suspects de son nouvel époux. Il semblerait que sa nouvelle belle-mère désapprouve leur union, au point de refuser d'assister à la cérémonie. Pourtant, la vieille femme organise une rencontre fortuite, et Valeria découvre que son nom n'est même pas Woodville ! Devant le mutisme et le désespoir de son mari, qu'elle ne comprend plus, elle décide de faire elle même la lumière sur ce changement de nom et le passé de celui-ci. Et va découvrir qu'elle va devoir pousser son enquête bien plus loin qu'elle ne l'aurait jamais cru possible...
Une adaptation très fidèle d'un roman victorien
Cet album a été adapté à partir de l'un des classiques de Wilkie Collins (1824-1889), Seule contre la loi (The Law and the Lady, 1875, d'ailleurs disponible gratuitement en texte intégral sur la page du Gutenberg Project; enfin, en angais...); il s'agit du premier roman policier avec une héroïne féminine. Wilkie Collins est considéré comme l'un des pères du roman de détective, et ses personnages féminins forts avaient fait sensation (et un peu scandale aussi) à l'époque. Il était également très intéressé par le droit anglais et écossais, et l'influence que pouvaient avoir certains articles de celles-ci sur la vie des gens qui y étaient confrontés. L'intrigue de ce roman est d'ailleurs basée sur l'exploration d'un point de la loi écossaise, le verdict blanc. La plupart de ses romans et oeuvres ont été publiées d'abord sous forme de feuilleton dans des journaux de l'époque, tel All The Year Round, publié par son ami Dickens, et il maîtrisait parfaitement la forme pour intriguer suffisamment ses lecteurs et les forcer à suivre les publications de semaine en semaine.
L'adaptation est très fidèle, allant jusqu'à reprendre le récit à la première personne du roman, où toute l'histoire est présentée par Valeria. Roger Seiter a cependant fait quelques modifications, comme l'introduction du personnage de Wilkie Collins comme un ami de Valeria, remplaçant le clerc de son père, le vieux Benjamin, du récit d'origine. Le dessin très classique de Vincent Wagner, aux couleurs reprenant les dominantes du climat anglais, accompagne à merveille ce style de récit.
Une reprise qui met bien en valeur les qualités de l'original, et qui devrait plaire particulièrement à tous les fans d'histoires de détectives, mais qui se lit de toute façon avec plaisir.