Comme Corben et Battaglia entre autres, Roger Seiter est un scénariste amateur d’Edgar Allan Poe. Il signe ici avec Jean-Louis Thouard le deuxième tome des Histoires Extraordinaires d’Edgar Poe, l’ouvrage Usher faisant suite au premier tome intitulé Le Scarabée d’or. Les deux auteurs décident ici, une fois de plus, de ne pas se contenter d’illustrer les nouvelles du maître du fantastique du 19e siècle. Ils se réapproprient son univers en partant de plusieurs de ses nouvelles, pour en proposer une véritable réécriture.
Une sombre histoire...
Décembre 1845... Edgar Legrand et son ami William Wilson voyagent à bord du Virginia, en compagnie de la séduisante Kitty. Ils fuient la police depuis leurs aventures retracées dans Le Scarabée d’or, premier volume des Histoires Extraordinaires d’Edgar Poe. Ils souhaitent rejoindre Roderick Usher qui vit dans son lugubre château et qui souffre d’une étrange maladie physique et mentale, comme le reste de sa famille.
Pendant ce temps, dans le Sud de Manhattan, John Blake, chef d’un des plus dangereux gangs new-yorkais, livre une étrange momie égyptienne au propriétaire de ce château...
Une compilation complexe et déroutante
Le principal défaut d’Usher est de proposer une intrigue trop complexe. Thouard et Seiter ont en effet eu l’ambition d’adapter librement, en les compilant, les intrigues de plusieurs nouvelles d’Edgar Allan Poe : Le Puits et le pendule, Petite discussion avec une momie et La Chute de la maison Usher. De fait, le tout ressemble à une somme maladroite de différentes intrigues hétéroclites, reliées artificiellement entre elles : il est question pêle-mêle de la décadence d’une famille souffrante, des expériences d’un médecin sur des momies, d’une enquête policière avortée, de la soif d’argent d’un gang new-yorkais, etc.
Ce tome, qui suit Le Scarabée d’or, nous conduit donc sur une route périlleuse. Aux données narratives initiales (Edgar Legrand est invité à rendre visite à Roderick Usher) se superposent bientôt de nouvelles informations qui obscurcissent l’intrigue (les relations de Miles, matelot louche et vicieux qui a espionné Edgar Legrand, avec le fameux John Blake, par exemple). Pour le lecteur qui n’a pas lu Le Scarabée d’or, certains rebondissements sont déroutants et complexifient inutilement l’histoire : on voit ainsi débarquer un inspecteur à la recherche de William Wilson et de Kitty, à propos d’un homicide commis à Charleston, dont il ne sera plus question ensuite.
Les dessins de Jean-Louis Thouard sont un peu plus convaincants. Ils traduisent, à partir de quelques variations chromatiques, l’ambiance sombre et fantastique dans laquelle se déroule cette histoire complexe. Cependant, la multiplicité des personnages et les nombreux brouillages présents dans l’histoire rendent les dessins difficilement lisibles parfois.
Bref, de fil en aiguille, l’intrigue prend de glissants virages. Le lecteur finit par se prendre les pieds (et la tête) dans cette adaptation dérapante de plusieurs nouvelles d'Edgar Allan Poe.