Orchéron
Plutôt que de faire une simple suite à Abzalon, Bordage a décidé de se projeter des siècles dans le futur des premiers colons. Bienvenue 800 ans après l’arrivée de L’Estérion, le vaisseau qui a transporté leurs ancêtres sur une petite planète perdue au fin fond de la galaxie.
Une fois installés, les nouveaux habitants ont très vite oublié l’usage de la technologie pour retomber dans un état proche du Moyen Âge. Huit siècles après les faits, ils se sont organisés en Mathelles, de petites communautés agricoles dominées par une femme et où chacun à une tâche bien précise. Certains s’occupent des récoltes alors que d’autres s’occupent de la chasse des yonks, ces espèces de buffles qui parcourent les plaines de la planète. Toute la vie de la mathelle s’organise autour de deux axes : la matrone dirigeante et le partage. Evidemment, ce qui est à l’un est à l’autre que ce soit la nourriture ou l’amant d’une nuit.
Y’a de la joie…
Mais derrière ce bonheur parfait se cachent des tensions difficiles à résoudre. Au bas de l’échelle sociale, les chasseurs endurent mal le mépris qu’affiche le reste de la population à leur encontre. Remplis d’amertume, ils sont nombreux parmi eux à se tourner vers la voie des protecteurs des sentiers. Cette croyance les amène à penser que leur déesse, Mara, reviendra sur leur planète s’ils s’en montrent dignes. Mais pour cela, il leur faut punir et détruire toutes mathelles qui osent leur résister. Pire, ils entendent bien tuer tous les " déviants ", ces gens qui ont des préférences sexuelles et affectives différents de la " norme ". Bref ils sont xénophobes, violents, pervers et s’abritent derrière leur croyance pour justifier les crimes et les viols qu’ils commettent. De plus en plus influents, de plus en plus enhardis, les protecteurs des sentiers sont en passe de gagner leur bataille. Seuls quelques individus se dressent sur leurs chemins. Des broutilles… D’où viendra l’espoir ? Peut être de ce continent que nul n’a jamais encore exploré...
Ce que j'en pense :
Orchéron est un roman ambitieux. En multipliant les intrigues et les points de vue, Bordage nous dépeint une grande fresque romanesque comme il est rare d’en voir. Ici il ne s’agit pas d’un seul récit, mais d’au moins cinq (2 principaux et 3 " mineurs " en début de chapitre) qui s’entrelacent pour former une trame complexe et riche, tant sur le plan de la narration que sur le plan temporel. Bref, hormis les sentiments personnels de chacun (j’aime, j’aime pas), il est difficile de nier que nous avons là un grand roman de SF, ou à défaut un très bon roman de SF. C’est assez rare pour faire le détour par votre libraire.