On a marché sur Mars

On a marché sur Mars

Robert Zubrin est un savant américain, spécialisé dans le domaine spatial. Consultant à la NASA, il se passionne pour Mars et sa conquête. Il est à l'origine de la fondation de la Mars Society, lobby cherchant à promouvoir les voyages vers la planète rouge. Scientifique, il a écrit un livre intitulé Cap sur Mars, dans lequel il décrit en détail sa théorie Mars Direct permettant d'assurer une présence humaine sur notre voisine avant deux décennies. On a marché sur Mars est un roman qui reprend le même concept, pour un public plus large.

Premier vol vers Mars.

L'Amérique s'est enfin décidée : trois hommes et deux femmes sont partis vers Mars, lancés dans un voyage qui demandera plusieurs années avant qu'ils ne reviennent sur Terre. Ils ont été salués par les médias comme les nouveaux héros de l'espace.
Même si la cohabitation entre les cinq voyageurs aux caractères trempés est délicate, ils arrivent plus ou moins correctement à atteindre la surface glacée de la planète rouge. Sur Terre, le temps passe mais l'intérêt reste fort pour cet exploit technique, malgré les critiques sur le coût du projet.
Tout bascule lorsque la responsable scientifique découvre des traces de vie dans le sol de Mars. Les fondamentalistes religieux et les écologistes terroristes déclenchent une panique dans tout le pays, prédisant la fin de l'humanité si les astronautes reviennent pour contaminer la Terre avec les virus martiens.
Une série d'attentats déclenchés depuis le centre spatial cloue au sol de la planète rouge l'équipage. Leur destin devient un enjeu majeur des prochaines élections présidentielles. Bousculée par les lobbies, l'opinion bascule d'un bord et de l'autre selon les discours des candidats. Pendant ce temps, l'équipage met tout en oeuvre pour d'abord survivre, puis organiser seul le décollage et le voyage de retour. Péripéties et coups de théâtre s'enchaînent sur les deux planètes, jusqu'à ce qu'enfin chacun suive son propre chemin, aussi étrange soit-il.

Mars : le grand matraquage !

Robert Zubrin est certes un grand savant, cela n'en fait pas un écrivain de génie. La lecture du livre est agréable, mais sans plus. Il n'y a rien de nouveau dans cet ouvrage. Chaque événement a déjà été lu ou vu ailleurs au moins deux fois. Nous avons droit à la sortie dans l'espace pour sauver le vaisseau, à l'atterrissage en catastrophe, à l'asphyxie des astronautes, à une marche dramatique dans le désert de Mars, à l'Amour et à la haine... Bref une collection de poncifs éculés. L'ensemble donne un texte certes simple et facile à lire mais aussi aux rebondissements prévisibles et un peu ennuyeux.

Plus intéressant que le texte en lui-même est la question : Pourquoi avoir écrit ce livre ?
L'auteur fait partie d'une association nommée la « Mars Society » qui cherche à créer dans l'opinion mondiale terrienne un climat propice à un voyage sur la planète rouge. Parmi les membres, nous pouvons signaler, en plus de nombreux savants de la NASA, plusieurs auteurs dont Gregory Benford, Stephen Baxter et James Cameron.
Il n'y a donc rien d'étonnant à voir fleurir les oeuvres concernant ce sujet : « Mars » et « Retour sur Mars » de Ben Bova, « Voyage »de Stephen Baxter ou le film « Mission to Mars ». Un matraquage parfaitement orchestré pour amener l'opinion mondiale de leur côté.

Le rôle dévolu à « On a marché sur Mars » dans la série d'ouvrages commanditée par le « club » est d'approcher une population habituellement réfractaire tant aux avancées technologiques qu'à toute vision grandiose de l'avenir : les croyants protestants et les nationalistes américains. Le discours de Zubrin peut se résumer à ces deux idées :
– Mars fait aussi partie du domaine offert par Dieu à son humanité
– La conquête de Mars, ce n'est que la continuation de la conquête de l'Ouest américain.

C'est pourquoi nous trouvons parmi l'équipage une protestante obnubilée par l'idée de Dieu, qui sera la première à accoucher sur Mars et à y assurer une présence humaine permanente. Elle est le fer de lance de la charge héroïque que constitue le livre, représentant une Amérique conquérante, forte et croyante. Les humains deviennent de nouveaux colons chargés d'apporter la civilisation, la paix et la vie sur de nouveaux territoire, au péril de leur propre existence.
Zubrin n'oublie malgré tout pas l'écologie, ni les terriens. A la fin de son texte, il explique les bienfaits que peut apporter Mars avec la création de plantes capables de pousser dans le froid des pôles pour nourrir une humanité affamée.

Pour résumer, ce livre se lit bien, mais n'apporte pas grand-chose de neuf. C'est un texte de propagande qu'il faut savoir prendre avec beaucoup de recul.