Le Retour des Ténèbres
A l'origine, Nightfall était une nouvelle d'Isaac Asimov publiée en 1941 dans la revue Astounding Science Fiction. Elle inspira une émission de radio dans les années 50, puis elle fut réécrite (avec quelques différences par rapport à la version actuelle, dans le nom des planètes, des soleils...) et rallongée, et surtout actualisée par Robert Silverberg. Sa publication en 1990 fut un grand succès commercial, mais le roman reçut des critiques mitigées.
Deux films à petit budget furent également adaptés à partir de la nouvelle et du roman. Un premier en 1988 par Paul Mayersberg (avec entre autres l'acteur David Birney), qui fut désavoué par Isaac Asimov (et dont la seule critique dans IMBD le qualifie de « plus mauvais film que j'aie jamais vu »). Un second film fut réalisé en 2000 par Gwyneth Gibby, avec Jennifer Burns, Winsome Brown et David Carradine, et, de nouveau d'après IMDB, qui semble avoir inspiré la même réaction que le premier...
La planète de la lumière permanente
Kalgash est une planète qui suit une orbite complexe dans un système où s'accumulent six soleils de taille variée. L'espèce intelligente qui habite la planète a basé toute sa cosmogonie sur ce qu'elle a pu observer de son environnement et de leur ciel. Leur univers se limite forcément à leur planète et à leurs six soleils, dont l'éclat permanent les empêche d'observer quoi que ce soit au-delà. Et la présence constante de la lumière les a rendus quasi incapables psychologiquement de supporter l'obscurité, quelle qu'elle soit. Aussi, lorsque unissant leurs efforts, des astronomes, un psychologue et des archéologues arrivent à la conclusion que non seulement il existe des périodes durant lesquelles la planète est plongée dans l'ombre totale, mais également que leur civilisation risque de ne pas y survivre, les scientifiques se mettent à la recherche d'une parade…
Ils ne sont guère aidés par le fait qu'un culte apocalyptique prêche la même chose, et que la date fatidique est redoutablement proche…
Un titre de fantasy pour un roman de hard S.-F.
Les deux auteurs assemblent progressivement (et pas avec une subtilité exagérée) les éléments qui permettent au lecteur de comprendre pourquoi le passage jour-nuit, un événement anodin avec lequel nous vivons depuis la naissance, représente un tel bouleversement pour les Kalgashiens, y compris les plus rationnels et éduqués. Le roman s'articule en trois parties : découverte et préparatifs, description de la nuit, et enfin description de la vie après l'événement…
Les auteurs sont réellement à l'aise dans les parties qui discutent de la science et de ses processus, sans être ennuyeux. Par contre, l'approche très simple et directe employée est moins efficace pour les personnages qui sont passablement bidimensionnels, et l'histoire, qui est quasi linéaire. La fin déçoit un peu, amenant une réponse peu vraisemblable et, il faut le dire, assez naïve à une situation complexe. Le lecteur trouvera des réponses nettement mieux traitées et développées de manières plus convaincantes dans la série Fondation, ou dans Le Facteur de Brin, par exemple. Bref, un roman qui est plutôt un exercice de réflexion sur un monde basé sur un postulat simple, où les auteurs ont transposé notre planète et notre société presque telles quelles à l'exception de cet éclairage permanent, mais qui se laisse tout à fait lire si vous aimez ce genre de choses.