Survivant-2

Takao Saïto est un monument du phénomène manga, un de ceux qui ont inventé ce type de récit et de dessins dans les années 1960. Il est l'auteur de la série Golgo 13 et Survivant.

A deux, est-ce mieux ?

Ayant survécu à une catastrophe naturelle qui a englouti presque totalement le Japon, Satoru a réussi à apprendre comment vivre dans la nature. Il s'est construit une cabane, il sait se nourrir, se vêtir et se défendre.

C'est alors qu'arrive, venant de l'île d'à côté, une barque. A son bord se trouve une jeune femme qui a vécu là-bas depuis l'inondation, avec d'autres réfugiés. Mais elle a préféré fuir : "C'est l'enfer sur terre, l'apocalypse, ils n'ont plus rien d'humain". Commence alors la vie à deux.

Survivre seul était difficile, mais avec une autre personne qui n'a encore rien appris sur la nature et ses dangers, c'est encore plus dur. Tous les pièges qu'il a su éviter, à nouveau, se referment sur eux, les mêmes erreurs, les mêmes dégoûts... "On dirait moi, il n'y a pas si longtemps".
La cohabitation n'est facilitée ni par les habitudes de l'un et de l'autre, ni par le fait que Akiko est une fille, qui plus est gardant encore vivace le souvenir du passé et de celui qu'elle a aimé, qu'elle aime encore.

Magnifique mais répétitif

Le graphisme du maître s'étale à loisir dans ce volume (comme dans toute la série d'ailleurs). Il prend le temps de nous montrer ce qu'il souhaite, de dessiner aussi bien une montagne qu'une biche, une cabane ou un poisson. le tout nous est offert avec un trait fin, précis et un luxe de détails qui transforme le manga en oeuvre.

Du côté du scénario, par contre, il n'y a pas que de l'excellence. D'une part, le lecteur a presque l'impression par moment de relire le premier tome, en particulier en retrouvant les rats et leur volonté de manger. Une répétition qui est dommageable à l'intérêt du volume.

Faire se rencontrer deux survivants était une bonne idée. Que le second soit une femme aussi. Toutefois, on pourrait imaginer une certaine forme de misogynie en comparant Satoru qui, maintenant, sait, et Akiko qui paraît à côté ne rien avoir appris du temps passé depuis le désastre.

Il faut aussi remettre les scènes dans le contexte de l'époque (en 1976, au Japon il y avait bien Peace mais pas vraiment Love...), toutefois voir cet adolescent aussi peu intéressé par le physique pourtant attirant de sa compagne est étonnant et gênant pour la crédibilité de l'histoire, surtout en comparaison de bien des mangas parus depuis lors.
Autant la lecture du premier volume s'imposait, autant celui-ci peut être sauté sans regret.