Bienvenue à Griffstone

Bienvenue à Griffstone

Née à Vienne d’une mère dramaturge et d’un père scientifique qui se séparèrent alors que leur fille n’avait que quelques années, la contraignant par la suite à de longs voyages en train entre leurs domiciles respectifs, Eva Ibbotson a émigré en Angleterre à l’arrivée d’Hilter au pouvoir. En pension dans une école progressiste, elle s’est efforcée de devenir anglaise. Après des études de physiologie, elle vécut mal les expériences qu’elle devait mener sur des animaux vivants. Elle a donc accepté avec soulagement d’abandonner sa carrière dans ce domaine pour suivre son mari à Newcastle où elle commença à écrire ses premières nouvelles tout en élevant leurs 4 enfants. Quand le dernier d’entre eux est rentré à l’école elle s’est lancée dans un premier roman. Elle alterne depuis littérature jeunesse et livres pour les adultes et a été récompensée dans les deux catégories.

Bienvenue à Griffstone est son 5^e roman publié en France. Les 4 autres ont également parus dans la collection Wiz.

 « Nous avons besoin de vrais fantômes. Des qui soient très effrayants. »

 Quand leurs parents leur annoncent qu’ils doivent aller passer quelques semaines dans le vieux château de Griffstone, la mondaine mais conciliante Madlyn ne saute pas de joie tandis que son frère Rollo, ami d’animaux étranges, est moins réticent. En arrivant au château, les enfants trouvent Sir Georges et sa sœur Emilie qui tentent tant bien que mal de sauver non pas les restes de leur demeure mais un troupeau mystérieux de taureaux et vaches blancs  qui paisent sur leurs terres.

Les enfants se mobilisent pour leur venir en aide et ont une idée pour détourner le flot de visiteurs qui boudent Griffstone pour visiter le château voisin de l’infâme Lord Trembellow.

Avec l’aide du cousin Howard qui vit reclus à l’écart des vivants, le château pourrait accueillir une attraction touristique inédite…

Galerie de personnages loufoques pour une intrigue fantaisiste

Avec l’affection de Rollo pour son scinque (sorte de lézard, surnommé le poisson des sables en raison de sa capacité à se mouvoir dans le sable comme un poisson dans l’eau) décrite dans le premier chapitre, le ton est donné. Les créatures qui vont peupler l’histoire seront tout sauf ordinaires.

Et en effet la clique de sceptres recrutés pour animer le château est très réjouissante, à mi-chemin entre les créatures de Tim Burton (tendance Beetlejuice L’Incroyable Noël de Mister Jack ou Les Noces funèbres) et de la famille Adams. Ils sont à la fois très drôles et très attachants.

 L’avide et cruel duo Trembellow père et fille s’avère être les vrais monstres de l’histoire mais leur froideur et leur certitudes quant au pouvoir de l’argent offrent aussi des remarques au potentiel comique élevé.

Du comique gothique à la dénonciation des manipulations génétiques

 Dans la deuxième partie du livre, l’histoire prend un tour tout à fait différent, il ne s’agit plus de s’amuser avec une effroyable bande de phénomènes surnaturels mais de démanteler un horrible réseau de manipulations génétiques.

Là encore l’union des enfants et des fantômes feront leurs forces. Impossible de ne pas voir dans ce thème du laboratoire de savant fou qui manipule sans scrupule la nature, le traumatisme de l’auteur des expériences qu’elle a eu à mener.

Mais cet épisode plus sérieux n’enlève pas le plaisir d’une histoire aux rebondissements multiples, où humour et émotion alternent.

Bref, encore un savoureux récit de Eva Ibbotson, à l’humour noir britannique, à l’imagination débridée, un livre hanté et enchantant.