Les Mensonges de Locke Lamora

Les Mensonges de Locke Lamora

Les vannes de la fantasy ne semblent toujours pas se tarir en provenance des Etats-Unis. Dernier venu en date : Scott Lynch, un tout jeune auteur né en 1978. Les mensonges de Locke Lamora est en fait son premier roman. Un premier roman dans une série de fantasy qu’il compte réaliser en sept tomes avec pour personnage principal un voleur particulièrement habile. Salué par des auteurs prestigieux comme George R. R. Martin, Sarah Ash ou Lisa Tuttle, Les Mensonges de Locke Lamora aurait même intéressé un temps la Warner pour une adaptation au cinéma. Un projet en stand by pour l’instant.

Locke Lamora, prince des voleurs

Depuis tout jeune Locke Lamora a un don. Celui de jouer n’importe quel personnage pour mieux dérober de l’argent à ses victimes. Un goût pour la manipulation et les intrigues qu’un faux prêtre (faux aveugle et faux martyr) va exploiter au maximum. Il va lui apprendre à devenir le prince des voleurs et à prendre la tête d’une petite bande : Les Salauds Gentilshommes.

De bonnes idées mais de grosses longueurs

On ressort de ce roman avec un avis plutôt positif. Scott Lynch a travaillé ses ambiances et ses personnages, décrivant à loisir les épreuves que ses héros ont enduré pendant leur formation (ces dernières formant d’ailleurs des interludes entre les chapitres du récit principal) et la ville de Camorr. On s'y balade énormément avec les personnages, passant des temples au port jusqu'aux plus beaux palais. Scott Lynch ne lésigne pas sur les détails et son organisation. Elle a un petit air de Venise et rappelle quelques cités célèbres de Fantasy comme la Lankhmar de Leiber ou l'Ankh morpork de Pratchett, surtout en ce qui concerne les bas fonds. On y trouve là aussi des coorporations dans les métiers de la rapine (avec des bandes comme celle du Faiseur de Voleur et sa colline aux orphelins), des écoles dédiées à tel ou tel dieu, des tavernes puantes et des êtres tous plus roublards les uns que les autres.

Dans cette ambiance plutôt convaincante, Scott Lynch a également le mérite d'avoir réussi à donner un peu de profondeur à Locke, le rendant attachant sans pour autant gommer sa trop grande confiance en lui, sa violence et ses échecs. Le portrait est parfois un peu complaisant mais on lui pardonne lorsqu'il développe l'imagination sans limite de son héros et sa camaraderie avec ses frères des Salauds Gentilshommes.

Le seul vrai défaut de ce roman, c'est la tendance de Scott Lynch a vouloir trop en faire. On a le sentiment qu’il aurait gagné en efficacité en allégeant son intrigue de quelques trop longues descriptions et d’interludes trop nombreuses. Avait-on besoin de connaître la ville ou les souvenirs de ses personnages à ce point ? D'ailleurs dans le final, lorsque l'action s'emballe un peu, le récit n'en devient que plus dynamique.  A trop vouloir densifier son récit, il l’a rendu parfois épais et laborieux. Cela n’enlève rien aux qualités des Mensonges de Locke Lamora. Mais cela pourra en décourager certains. Un nouvel auteur de fantasy à suivre...