Après avoir longtemps travaillé dans le jeu de rôle et signé des romans sous le pseudonyme de Pierre Jacq, Pierre Pevel avait commencé en 2001 sous son vrai nom une série de fantasy et de cape et d’épée : Wielstadt (Grand Prix de l'Imaginaire 2002). En parallèle, il avait écrit un court roman steampunk : Viktoria 91 et deux romans sur Ambremer, un monde dans lequel le Paris de la Belle Epoque se mélange avec le royaume de la féerie. Une belle productivité avec pas moins de six romans publiés en trois ans. Mais depuis 2004, plus rien, ou presque. On a tout de même pu lire une de ses nouvelles dans l’anthologie consacrée à Elric et paru au Fleuve Noir : Elric et la porte des mondes.
La Tour Eiffel en bois blanc
Avec Pierre Pevel, Paris est une bien étrange ville en 1909. La Tour Eiffel est en bois blanc, on croise dans les rues quelques chênes philosophes et certains chats peuvent non seulement parler mais aussi voler avec des ailes accrochées sur leur dos. Des intrusions féeriques qui ne sont pas si étonnantes que cela lorsque l’on sait que le royaume des fées est tout proche, à quelques stations de métro. Deux univers qui se mélangent en permanence et dans lequel Griffont se déplace à son aise. Ce magicien joue à l’occasion les détectives. Et dans Les Enchantements d’Ambremer, il est sur la piste d’un trafiquant d’objets magiques. Une enquête qui va le mener plus loin que prévu...
Agréable
En route pour le grand dépaysement ! Les Enchantements d’Ambremer nous emmène dans un Paris assez original et peu courant. L’arrivée massive de la féerie modifie profondément le paysage. C’est le vrai plus de ce récit. On prend plaisir avec le héros à parcourir les rues de la capitale et à découvrir les changements apportés par l’auteur. Côté plus toujours, l’intrigue est plutôt fluide et le style agréable. On se laisse emporter avec indulgence au fil de l’enquête et des péripéties de Griffont, appréciant les rencontres avec des personnages historiques comme Lord Dunsany par exemple. Côté moins, l’intrigue est parfois cousue de fil blanc (avec des méchants vraiment méchants et des gentils vraiment gentils). Pierre Pevel nous inflige également quelques descriptions un rien trop longues et ennuyeuses, notamment au début. Des défauts qui ne ternissent pas trop l’intérêt de ce petit roman plutôt haut en couleur qui vaut surtout pour son originalité et pour le dépaysement qu’il propose. Une petite récréation littéraire en quelque sorte.