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Le Glaive de Mithra

Aux éditions : 
Date de parution : 31/03/07  -  Livre
ISBN : 9782757802236
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Christian   - le 27/09/2018

Le Glaive de Mithra

Second roman des trois ouvrages de fantasy historique écrits par Rachel Tanner, Le Glaive de Mithra, L’Empreinte des dieux, uchronie où la religion du taurobole a supplanté le christianisme dans les derniers siècles de l’Empire romain d’Occident. L’auteure marseillaise y témoigne de son goût pour l’histoire romaine, d’un vrai talent de narratrice et d’un sens aiguisé du fantastique.

Il s’agit d’un numéro deux, mais le contexte et les ressorts fantastiques sont d’une toute autre nature que ceux du premier tome. Dans L’Empreinte des dieux, les dieux et les sorciers gaulois et germains se liguaient contre la puissance montante du Mithra romain dans une Gaule insoumise. La religion mithriaque, intolérante, y était conquérante et agressive. Dans Le Glaive de Mithra, nous sommes immergés dans une Rome décadente, où une secte hérétique menace d’ouvrir les portes de l’enfer. L’héroïne, Judith, adepte des religions anciennes, fait corps avec les mithriastes pour combattre le mal. La magie joue un rôle secondaire. L’intrigue mystérieuse et la capitale de l’Empire romain y sont les acteurs privilégiés.

Fausse suite, le second roman n’a que de lointains rapports avec le premier. En dehors du cadre uchronique commun, seuls  le passé partagé de Judith et de l’empereur romain et la haine du grand-prêtre Eunomos sont matière à renvoi à l’ouvrage précédent. Son organisation interne, plus proche des bons romans historiques, est constituée de séquences d’action distribuées entre des personnages d’horizons différents, d’abord  divergentes, puis parallèles et convergentes. Cette technique permet de visiter Rome, les bas-fonds, les insulae, les riches demeures, le Colisée comme le Palais impérial, tout en conduisant le lecteur à bon port.

Fausse suite, le second roman est plus vif et plus maîtrisé que le premier, que les amateurs de fantasy pourtant préfèreront. Les amateurs d’action et de roman historique le second. C’est sans doute là le signe du talent multiforme de Rachel Tanner.

Un péplum fantastique

En l’an 1541 de la fondation de Rome (l’an 780 de notre ère), la capitale romaine doit affronter un fléau plus terrible que la peste qui commence à s’étendre : l’ouverture de la porte des enfers par le Théraphim, talisman aux pouvoirs incontrôlables.

Judtih de Braffort, sorcière, se rend à Rome pour détruire le Théraphim. Mais celui-ci a commencé son œuvre maléfique en forçant un sorcier puissant à diriger une secte hérétique infernale dans les catacombes. Assimilée par erreur à l’une des sectatrices, Judith est livrée aux gladiateurs dans le Colisée mais sa victoire inattendue lui vaut d’être adulée par le peuple romain et de se rapprocher de l’Empereur Julien. Elle parviendra ainsi à le convaincre d’unir leur force dans la lutte contre le Théraphim, tandis que le grand-prêtre Eunomos et l’impératrice Varinia voient son ascension d’un mauvais œil.

Pendant ce temps, un paysan, Damien, nouveau compagnon de Judith, et un jeune esclave, Crigias, doivent faire face aux manifestations de plus en plus violentes des malheurs qui s’annoncent.

Un polar impérial

Le « glaive de Mithra », c’est, au sens premier, la religion mithriaque et son censeur-en-chef Eunomos. Mais c’est surtout Judith de Braffort, la sorcière anti-mithriaste, qui pourchasse l’hérésie jusqu’aux tréfonds des catacombes. C’est enfin le peuple de Rome qui, uni derrière son empereur et sa religion, vient à bout des puissances infernales.

Mithra et le pouvoir des enfers sont si puissants à Rome, que les dieux anciens, qui tiraient les ficelles du premier tome, n’ont plus de pouvoir. Judith se sert à peine des siens.

A vrai dire, la magie et même l’uchronie se révèlent plutôt accessoires. Le cadre historique aurait pu être déplacé plus en amont, dans le Bas Empire.  La religion dominante et son hérésie auraient pu être apostasiées. L’essence du roman eût été inchangée. Si l’on fait abstraction des pouvoirs magique du Théraphim et des sorciers, le roman devient un polar romain façon « Marcus Aper » (Anne Leseulec) ou « Publius Aurelius Status » (Danila Montanari). C’est un peu une lutte contre la montre pour trouver et mettre hors d’état de nuire un grand chef « terroriste » caché dans les sous-sols avant l’attentat fatidique. La « détective malfamée », consciente du danger, doit convaincre le « président » qu’elle est du bon côté et l’aider à sauver la population.

Un polar romanisé. Les meilleurs moments du roman sont ceux qui sont le plus ancrés dans l’histoire impériale : le combat des gladiateurs est un must. La scène de panique dans le marché romain également. Mais aussi la fréquentation des auberges et des thermes et les interventions musclées de la milice dans la foule.

Bien documenté, le fond historique est convaincant et l’est d’autant plus, que le parti pris d’uchronie autorise un subtil entrecroisement des époques.  Bien écrit, sans fioriture, le livre se lit d’une traite comme un roman de cape et de glaive.

Très bon roman historique, relevé d’une pincée de fantastique. Heureux lecteurs de Tanner. Heureux adorateurs de Mithra. Le pouce en l’air. Lettorituri te salutant !
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