L'Evadé du temps

Né en 1954 à Marseille, Henri-Frédéric Blanc s'est spécialisé dans le polar et dans l'humour. Il est l'un des chefs de file de la Nouvelle vague marseillaise et s'est distingué avec des romans comme Le Lapin exterminateur, Les Pourritures terrestres, L'Art d'Aimer à Marseille, L'Ecailler du Sud ou bien encore 2006. Il s'essaie aujourd'hui à la science-fiction pour Novella SF, la collection de novellas des éditions du Rocher.

David Croquette, l'homme qui n'a jamais peur... ou presque.

David Croquette est vieux. Dans les 90 ans. Et David Croquette va mourir rapidement. D'ici trois semaines selon les médecins. A cause d'une sale maladie qu'il a attrapée : la sarkozite. Il ne lui reste que deux solutions. Soit accepter son destin et être délocalisé dans un mouroir en Chine (là où mourir ne coûte pas cher). Soit mettre à profit le manque de vigilance des infirmières pour se faire la belle, trouver une machine à voyager dans le temps et partir une dernière fois sur les traces de son enfance.

Un bon début et puis... plus rien ou presque.

Depuis les débuts de la collection, Jérôme Leroy et maintenant apparemment Winston Smith (à moins que ce ne soit un pseudonyme du premier), ont la volonté d'ouvrir Novella SF à des auteurs habitués à la science-fiction mais aussi à des auteurs venant d'horizons différents comme le polar. Ce livre d'Henry-Frédéric Blanc participe à cette dynamique d'ouverture. L'initiative est louable. Et dans le premier tiers du récit, on se dit même que c'est une réussite.

Les idées avancées par l'auteur sont assez géniales. On se marre franchement en lisant la description d'un monde où l'argent est roi et où les vieux sont envoyés mourir en Chine pour économiser des frais à la sécurité sociale (cela fait aussi un peu froid dans le dos). Un monde où tout s'achète, jusqu'à un sourire ou un peu de sommeil. A ce moment-là, on se dit que l'on a dans les mains sans doute une bonne histoire. D'autant que le style léger et un peu gouailleur d'Henry-Frédéric Blanc est efficace. L'effet ne fait malheureusement  pas long feu. Une fois passée la mise en place, l'intrigue se révèle vide. Henry-Frédéric Blanc jonglant avec l'absurde et enchaînant les situations burlesques et émouvantes mais refusant de donner un peu de fond à son histoire, ne faisant que survoler les événements. On termine alors le livre un peu déçu, touché par certains passages, amusé par le style, mais en rien bouleversé ou illuminé comme on avait cru qu'on le serait à la lecture des premières pages. Ce n'est pas complètement raté. Mais tout de même... En tout cas pas totalement réussi. Et c'est dommage.