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Printemps

Diego Aranega (Scénariste), Denis Bernatets (Coloriste), Jochen Gerner (Dessinateur)
Aux éditions :   -  Collection : 
Date de parution : 31/05/07  -  BD
ISBN : 9782756006352
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Virginie   - le 31/10/2017

Printemps

  Après des études aux Beaux-Arts, Diego Aragena collabore comme illustrateur avec de nombreux journaux tels que Télérama ou Libération. Il travaille aussi pour l'édition jeunesse et des agences de publicité, et publie plusieurs séries humoristiques, Focu ( Paquet) et Victor Lalouz (Dargaud). Jochen Gerner, lui aussi sorti des Beaux-Arts, travaille pour la presse et l'édition jeunesse en tant qu'illustrateur. Notons que la collection Shampooing est dirigée par Lewis Trondheim, représentant majeur de la "Nouvelle Bande Dessinée", dont le dessin se caractérise par son minimalisme.

Des gothiques au pays de microscosmos

 Keith et Kurt sont deux ados qui se piquent de fonder un groupe de rock neo-gothic. A eux la gloire et le succès auprès de créatures féminines plus sublimes les unes que les autres, pensent-ils. Seulement, le projet semble assez mal engagé : pas de chanteur, pas de morceaux, pas d’inspiration… et, petite particularité : Keith et Kurt vivent littéralement au raz des pâquerettes, puisque ce sont des insectes ! Nous allons donc suivre, au fil d’une saison, l’éclosion et l’évolution de leur projet musical, ou plus exactement leurs couacs, leurs parlottes et autres pataugeages peu productifs en cette haute saison de la fertilité.

 Parodie des ambitions adolescentes

 On l’aura compris, les auteurs utilisent pour faire naître l’humour le bon vieux procédé du décalage : le choix de la représentation des personnages en insectes a pour effet de désamorcer leur ego surdimensionné. Cela fonctionne particulièrement lors des plans larges qui ponctuent régulièrement les histoires racontées : d’un seul coup, on quitte l’échelle du macrocosme pour retrouver le regard de l’humain et voici nos deux ambitieux ados devenus quasiment invisibles à l’œil nu… Une belle leçon de modestie, évidemment transposable au règne humain !

Attention cependant : l’ambition des auteurs n’est pas celle d’un La Fontaine. Il s’agit davantage ici de divertir que d’instruire, d’en profiter pour pasticher dans la bonne humeur quelques clichés propres à la culture gothique : on s’amuse à la lecture des noms envisagées pour le futur groupe, « Toxic death of the darkside of the bloody crow » ou « Insektisid Suicide », et à la naïveté affichée des personnages, tout à fait persuadés que pour asseoir leur crédibilité de « gothiques », il faut forcément être fasciné par la mort et la violence, rejeter les couleurs. Vive le glauque – et le cloaque- comme lorsqu’ils posent leurs valises dans une nouvelle zone d’habitation :

 « -Trop sympa ce côté-là du marais ?

-Ouais tu m’étonnes, bien sombre, bien angoissant : c’est le top !

-Je crois que ça va être un endroit super pour écrire les textes de nos chansons. »

 Quand l'immobilisme des personnages gagne le lecteur...

L’album offre ainsi une succession d’anecdotes humoristiques qui tiennent toutes sur une planche. Chacune suit une structure rigoureuse et très classique, trouvant son point d’orgue dans la chute, parfois réussie, parfois très ratée… On regrette que la lecture chronologique de l’ensemble n’apporte pas grand-chose au propos. Les personnages évoluent peu et finissent par s’essouffler dans des réactions assez répétitives. Le bel équilibre du découpage des planches (quasiment toujours douze vignettes carrées par planche, l'esthétique de l'immobilité comme écho à celle des deux personnages) et l’épure du dessin s’avéreraient-ils quelque peu sclérosants ? Les qualités de la mise en page ne suffisent pas à relever un fond un peu terne. On souhaite un peu plus de piment et de consistance pour le deuxième tome!

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