Née en 1966, Nathalie Dau a publié professionnellement entre 1991 et 2006 une quinzaine de ses nouvelles fantastiques et de Fantasy dans diverses revues et anthologies. Elle a également dirigé l'anthologie l
'Esprit des Bardes chez Nestiveqnen en 2003, remporté le prix Merlin 2005 pour
Le Violon de la fée (revue Faeries) et créé en 2007
Argemmios sa propre maison d'édition.
Pour autant, elle ne cesse pas d'écrire et participe cette même année aux anthologies
(Pro)créations chez Glyphe et
Ouvre-toi chez
Griffe d'encre où elle signe également son premier recueil fantastique :
Les Contes Myalgiques I : Les Terres qui rêvent. Une étonnante galerie de personnages Une jeune femme qui refuse le veuvage et le poids des traditions, un enfant qui ignore tout de son destin tragique, un autre qui perd le sommeil et le goût pour les bêtises, une fée qui accepte l'amour d'un roi des hommes, une autre qui demande à un luthier de fabriquer un violon spécial, un troll amoureux d'une de ses proies, une princesse outragée qui verse dans la sorcellerie, une femme mystérieuse qui sème peur et mort dans son sillage, un gamin des rues endurci qui veut réaliser ses rêves coûte que coûte, une créature pouilleuse qui terrorise et intrigue à la fois... Tels sont les personnages que l'on peut découvrir dans le premier recueil de contes de Nathalie Dau.
Des légendes du monde à la femme universelle Les contes rassemblés dans le recueil
Les Terres qui rêvent sont inspirés de mythologies des Indes, de Bretagne, de Provence, de Sibérie, de la Toscane, etc., et manifestent l'érudition de l'auteur en la matière. On y retrouve des figures typiques de ces légendes : trolls, fées, rois, tigre, sorcières et princesses..., mais aussi des personnages précis qu'elle détourne à sa guise.
Loin de se contenter de nous les faire connaître, Nathalie Dau reprend ces légendes à son compte et délivre un message fort au centre duquel se tient la femme. La femme qui ne veut plus subir, qui met les éléments au service de l'amour fou ; femme mère, femme amante, femme libre et toujours debout. Le féminisme vivant et passionné d'une femme qui aime, malgré tout, les hommes et l'amour. Mieux qu'une leçon de féminité, c'est un témoignage.
Un peu de vie dans la logique des contes de fées Avec les contes de Nathalie Dau, finie la logique simpliste habituelle aux contes de fées. Le bien, le mal n'y sont plus si distincts, parfois même (
Vale Frater, Le Siestophage), ils sont à l'opposé de ce qu'on imagine d'emblée. Les rois ne sont pas toujours grands, droits et admirables ; l'amour surpasse parfois les principes et le sens du devoir ; le destin de celui qui « fait le bien » n'est jamais donné à l'avance. Nathalie Dau brouille les codes du conte de fée et fait exploser clichés et morale à deux sous pour ajouter à ses récits merveilleux un peu du trouble et des hésitations de la vie réelle.
La souffrance fait partie de la vie Omniprésente est la souffrance dont l'auteur imprègne chaque texte de son recueil. La souffrance fait partie de la vie. Ici elle n'est ni expiatoire, ni purificatrice. Elle tombe sans but prédéterminé, sans coloration morale, sans intention précise.
Ce qui fait la différence entre les personnages est ce qu'ils font de leur souffrance et leur réaction personnelle lorsque la chance se présente. Vont-ils se construire une vengeance (
Demain les trottoirs) ou dépasser leurs handicaps pour devenir meilleurs (
Le Violon de la Fée) ? Vont-ils baisser la tête face à la mort qui vient ou tâcher de ne « pas gâcher » ? Chacun des êtres mis en scène dans les
Contes Myalgiques va donner à la souffrance un sens qui lui appartient.
Dès lors qu'on le comprend, la couverture de l'ouvrage qui évoque une dame blanche, va prendre une tout autre signification : rose chair, rouge sang et muscles et une flamme de l'espoir, non pas tombant du ciel, mais bien serrée entre les mains de la jeune femme.
Un bon recueil L'unité des contes rassemblés sous le titre des
Terres qui rêvent ferait presque oublier que près de la moitié d'entre eux (cinq sur onze) ont été publiés séparément dans différentes revues. Tous ces textes, finement travaillés, allient rigueur et sensibilité, merveilleux et profondeur.
Un défaut ? Peut-être le poème Chicanerie, moins de deux pages, qui, malgré ses qualités intrinsèques, semble perdu parmi les autres textes, tous en prose.
En bout de lecture on se dit que les
Contes Myalgiques sont un ouvrage à découvrir et une belle réussite des éditions
Griffe d'encre. Dérangeants parfois, ils invitent le lecteur, par le biais de l'imaginaire, à regarder autrement sa vie de tous les jours. Évidemment, on attend avec impatience et curiosité, les
Contes Myalgiques II prévus pour 2008 !