Le Chant du kangourou
Nicolas Poupon, auteur de trente-cinq ans, s’est fait connaître par la série Le Fond du bocal, parue chez Le Cycliste, qui compte déjà six tomes depuis 2001 et raconte, sous forme de gags, la vie des poissons rouges. Nicolas Poupon ne s’en tient cependant pas qu’aux gags animaliers : L’Escalade de la chute (Triskel, 2003), Les Petites choses de la vie ([treize étrange], 2003)…
C’est pourtant le concept du Fond du bocal qu’il étend à toute une faune hétéroclite dans Le Cri de l’autruche. Troisième tome de la série après Le Zézaiement de l’escargot et La Harangue du mouton, ce Chant du kangourou poursuit avec une réussite toujours aussi convaincante l’exploration des mœurs bizarres et absurdes de nos amis les bêtes, avec un humour à faire hurler de rire un cachalot dépressif.
Les kangourous à l’honneur
Après les escargots et les moutons, ce sont les kangourous qui tiennent le haut de l’affiche. Evidemment, les gags tournent surtout autour de leur poche ventrale et de leurs bonds démesurés. Heureusement, Poupon, comme dans les volumes précédents, ne s’intéresse pas qu’à un seul animal. On retrouve ainsi les pingouins, les escargots, les ours polaires, les pigeons… une diversité salutaire qui fait qu’on ne s’ennuie pas un instant.
Tout simplement hilarant
Il paraît que rire vaut un bon steak. Avec Le Chant du Kangourou, pas de doute, on a fait des réserves pour l’hiver ! Que ce soit au niveau visuel (expressions faciales des animaux, postures, situations burlesques) ou textuel, Poupon nous fait rire sans jamais utiliser les mêmes ficelles. Cette variété dans l’humour se retrouve dans les thèmes traités : amour, enfants, mort, écologie… avec des rubriques récurrentes comme « les ratés de la création » ou « ne pas confondre », qui provoquent une légère attente chez le lecteur. De plus, sans être particulièrement engagé, l’auteur aborde des sujets d’actualité (mondialisation, réchauffement climatique, terrorisme…), ce qui confère à ses gags une autre dimension que purement humoristique.
Variété également sur la forme. Si les dessins sont en général simples et avec peu de décors, c’est par souci d’efficacité, pour que le regard ne se perde pas dans la contemplation et aille droit au but, et non par manque de talent. Car Poupon nous montre dans certaines planches qu’il est capable de produire de très belles choses. Le découpage réserve lui aussi quelques surprises : parfois, certains gags sont en plusieurs parties, la chute n’arrivant que quelques cases plus tard, provoquant la surprise et augmentant son impact.
Mais c’est dans le délire et l’absurde que Poupon excelle, comme dans les tomes précédents. Avec par exemple ce kangourou qui apprend à sauter à une armée de pingouins… en slip kangourou ! Ou bien avec ce paresseux philosophe qui déclare à un hérisson insomniaque : « Pour tout te dire, j’ai moi aussi mes petites névroses… Mourir sans jamais avoir réussi à ne pas se réveiller de son vivant… Imagine l’angoisse ! ». Bref, de nombreux et longs éclats de rire vous attendent. Ne vous en privez pas !