Frankia tome 3

Jean-Luc Marcastel est professeur d’Histoire. Passionné par le passé autant que par la littérature de l’imaginaire, il se lance dans l’écriture avec Louis le Galoup, une série médiévale et fantastique qui compte cinq tomes. Avec Frankia, il s’attaque à une époque plus proche de la nôtre : la Seconde Guerre Mondiale.

Où l'Amour triomphe de tout

Dans le tome précédent, nos héros ont été séparés. Tandis que Marie Morange a été arrachée à son village pour servir de fille à soldats, Faëllia a été enlevée par sa sœur transformée en monstre et les deux garçons, l'Orc Morkhaï et son "frère" Loïren foncent à leur rescousse en direction de Paris.
La ville-lumière est bien sombre, occupée par les troupes moitié homme et moitié machine du technarchonte VonWolf. C'est pourtant delà que peut renaître la clarté de l'avenir, d'après la prophétie. Mais entre le texte et son application dans les faits, bien des interprétations peuvent se glisser. Le futur des Elfes pourrait-il passer par l'union d'un technarchonte repenti et d'une reine elfe devenue femme ? Le roi des Orcs peut-il aimer une femme souillée par la soldatesque teutonne ? Et un guerrier de Von Drako peut-il se rebeller, se retourner contre son maître pour les yeux d'une prostituée ?
Des égouts de Paris à la Tour Eiffel en passant par les alcôves du Moulin Rouge et le Jardin des Plantes, la lutte est serrée, dramatique. Les sacrifices, si énormes soient-ils, ne seront rien face au danger qui guette l'humanité tout entière. Et seul l'Amour peut amener la rédemption et la victoire. Encore faut-il le comprendre à temps.

Un monde d'une beauté sauvage

Avec ce troisième volume, Marcastel nous invite pour une ultime virée dans son univers glauque et sombre de technomagie et de guerre mondiale. Nous partons à la découverte de nouveaux éléments, comme les armes américaines, de nouvelles têtes et de lieux délicieusement décalés de notre réalité.
L'auteur déborde d'imagination pour inventer et décrire les monstrueuses machines teutonnes, les énormes vaisseaux américains ou les effets de la magie, qu'elle soit elfes ou technomagie. Marcastel a un don de conteur, il sait faire naître dans nos esprits des images noires ou brillantes, pleines de détails horribles ou magnifiques. Une bonne moitié du livre est consacré à cette visite du monde de cauchemar qui se loge dans les pensées de l'auteur.

Mais trop de pathos...
La seconde partie, elle, est co
nsacrée à nous convaincre que l'Amour peut tout, dépasse les règles et les normes au point de dissiper toutes les ténèbres. C'est beau... comme du Marcastel ! Mais c'est aussi long, trop long... Chaque victoire est arrachée à coups de longues tirades enduites de pathos, de sentiments bien-pensants ou de choix déchirants.
Par moment, l'envie de sauter un paragraphe ou une page titille le lecteur, le désir de voir enfin l'action avancer. Ce qu'elle fait soudain, à toute allure. Il y a un manque d'équilibre das cette fin de trilogie, qui parait tirer en longueur. Et autant Marcastel est bon dans ses descriptions et ses évocations, autant il devient ennuyeux dans les tirades amoureuses, les serments définitifs ou les aveux déchirants.

Une trilogie de qualité

Ceci toutefois, même si cela ternit un peu la qualité de l'ensemble, n'enlève pas l'essentiel de cette trilogie. Marcastel est un conteur, capable de cristalliser notre imaginaire sur ses phantasmes. Si au début, dans le premier tome, il avait abandonné sa langue habituelle, celle de Louis le Galoup, elle commençait à percer dans le second pour ressortir par moment dans le troisième volet. Et c'est alors que l'auteur donne le meilleur de son talent
 Nous retiendrons de cette série la qualité d'évocation et le foisonnement de l'imagination de son auteur, ainsi que le message d'espoir, de partage et de tolérance qui s'y trouve en filigrane. Ceci en oubliant les longueurs sirupeuses de certains serments amoureux et l'interminable combat final.