L'île des Ogres
Lensey Namioka est née en Chine et s’est installée aux Etats-Unis à l’âge de neuf ans. Elle écrit depuis une trentaine d’années des romans pour la jeunesse sur le thème de la double identité culturelle. Son dernier roman en particulier, Mismatch, met en scène deux adolescents américains confrontés à leurs origines chinoises et japonaises.
Mariée à un Américain d’origine japonaise, elle commence à s’intéresser aux samouraïs après la visite du château de Namioka au Japon dans les années soixante-dix et écrit quelques années plus tard le premier volume des aventures de Zenta et Matsuzo, deux rônins- samouraïs sans maître- qui mènent des enquêtes dans le Japon du seizième siècle. L’Ile des Ogres est le cinquième volet de leurs pérégrinations.
Une île et des monstres
Dans cet épisode, nous retrouvons en lieu et place de nos deux compères un autre rônin, Kajiro, envoyé sur une île dépendant d’un fief pour espionner le commandant de la garnison. Arrivé sur place, il est pris pour Zenta et se trouve chargé d’enquêter sur la disparition d’animaux attribuée à des ogres.
A l’image de l’épisode précédent, où l’action se déroulait dans un village, cette enquête se déroule dans un environnement relativement fermé, ce qui permet à l’auteur de montrer en peu de pages les différents éléments de la société japonaise féodale : les dirigeants, les samouraïs, la garde, les religieux, les fermiers et les pêcheurs. Le cadre est posé rapidement et l’auteur peut se concentrer sur le fonctionnement de cette petite communauté où si tout le monde se connaît, les manigances et les secrets ont aussi cours.
Un jeu sur les apparences
Dans cette enquête, les deux héros de la série- que l’on connaît déjà bien- se trouvent en retrait et l’auteur en profite pour mettre en scène un autre samuraï, un peu moins héroïque mais tout aussi perspicace. Les personnages sont décrits de manière un peu trop caricaturale : nous avons ainsi des paysans superstitieux, des samouraïs éduqués à l’esprit ouvert... des archétypes qui aident à s’identifier aux personnages mais qui sont là aussi pour montrer que tous- ou peu s’en faut- portent des masques et que les apparences sont parfois trompeuses.
Ne pas se fier aux apparences, c’est le motif qui sous-tend cette enquête et même si le traitement est un peu facile avec des rebondissements prévisibles, c’est aussi ce qui fait la force de cette série : l’auteur ne s’encombre pas de fioritures et l’aventure avance inexorablement vers la solution de l’énigme et le dénouement. Dénouement qui délivre sa petite morale en conclusion de l’aventure.
C’est donc un texte agréable à lire qui accompagne le lecteur en distillant des informations sur le Japon féodal. On pourra cependant lui reprocher des dialogues assez inégaux, et certaines tournures de phrases étranges, mais le tout est plutôt bien mené, et parfait pour de jeunes lecteurs.