Le petit cabaret des morts

Ancien chercheur en littérature aujourd'hui à la retraite, Francis Berthelot continue d'alimenter son cycle du Rêve du démiurge, une fresque qui se distingue par sa sensibilité et la beauté des images mises en scène. Le Petit Cabaret des morts en est le septième tome, faisant suite à Hadès Palace en reprenant les mêmes héros, plus vieux de quelques années. Francis Berthelot est également l'auteur du magnifique Rivage des intouchables, roman majestueux de science fiction, écrit en 1990 et évoquant le drame du sida.

Les Alpes à l'été 1988.  

Quelques années après la destruction de l'Hadès Palace, une salle de spectacle dirigée par le maléfique Bran Hadès, la troupe s'est dispersée. Yorenn et Romain Algeiba ont eux trouvé refuge à Viervy, une petite ville des Alpes. Cela pourrait être un hâvre de paix si la passion ne dévorait le frère et la sœur  mutuellement, se déchirant sans cesse pour mieux se retrouver. Surtout, cela pourrait être un hâvre de paix si ce village n'abritait les tristes expériences  du secret docteur Malejour. Il a réussit à enfermer les âmes des morts dans une sorte de laboratoire depuis lequel il mène de terrifiantes expériences avec son assistant, Alvar Cuervos, le propre fils de Bran Hadès. Les éléments sont en place, la tragédie peut commencer... 

Une merveille.  

À chaque roman, Francis Berthelot réussit le miracle de raconter de grands drames avec une touche de douceur et de poésie. Et une fois encore l'alchimie fonctionne avec ce Petit Cabaret des morts dans lequel il fait danser les âmes et les vivants. Une histoire bâtie sur un enchainement de chapitres courts, entremêlés avec des discussions chorales entre les âmes, sorte d'opéra dont la musique est délicieuse à lire. Le résultat est un roman très rythmé et dont les pages se tournent à tout allure. Et tant pis si l'histoire est peut-être un petit moins forte, un peu moins prenante que celle du tome précédent, le style est un tel régal qu'on s'en délecte. Il est également plaisant de retrouver la galerie des personnages de son cycle, et en particulier les héros de Hadès Palace, Ivan et Maxime. À la fin de l'ouvrage, Berthelot fait d'ailleurs la promesse dans le prochain tome de mettre en scène, cette fois , Yorenn et  Alvar. Au final Le Petit Cabaret des morts est sans surprise une réussite. Francis Berthelot confirme qu'il a une voix qui lui est propre dans la science fiction française. Une voix à découvrir si ce n'est pas encore fait.