Onde de choc
Alain Blondelon signe avec Onde de Choc son premier roman. Un livre chez Rivière Blanche, une collection à part parmi les éditeurs d'Imaginaire en France. D'abord parce qu'elle rend hommage évidemment au Fleuve Noir, et plus précisément à la collection Anticipation qui fit en son temps les beaux jours de la science fiction en France. Ensuite parce qu'il s'agit d'une petite structure qui a un dynamisme étonnant, avec plus de 80 titres à son catalogue en une poignée d'années, se partageant entre de jeunes auteurs (comme Blondelon ou Whale), des vieux de la vieille du temps d'Anticipation comme Morris, Caroff ou Bessière et des auteurs encore dans l'actualité comme Andrevon, Ligny, Calvez ou Ruaud. Enfin parce qu'en jouant sur la nostalgie mais aussi sur un enthousiasme dans le choix des titres (où le bon côtoie tout de même le moins bon), les tirages de Rivière Blanche vont de quelques dizaines d'exemplaires à plusieurs centaines avec de jolis petits succès (et parmi eux le roman de Sellig et ceux de PJ Hérault). Une belle aventure éditoriale...
La Terre vidée de ses habitants.
Pour son premier roman, Alain Blondelon a imaginé l'histoire d'un désastre. Quasiment toute l'humanité a disparu. C'est ce que constate deux copains en revenant d'une partie de pêche dans la Loire. En rentrant chez eux ils découvrent ébahis des villages vidés de leurs habitants comme par magie, les voitures encore arrêtées dans les rues, comme si la vie s'était brusquement interrompue. Ils auront un début d'explication lorsqu'ils découvrent que les militaires semblent avoir survécus et qu'ils tirent à vue sur les derniers civils qu'ils croisent. Après avoir découvert deux jeunes femmes miraculées, les deux héros décident de se cacher et d'essayer de percer le mystère...
Naïveté...
Alain Blondelon joue dans ce roman avec l'idée de la survie après l'apocalypse. Les héros vont devoir recréer une petite communauté alors qu'ils ne sont plus que quelques-uns. Comme souvent dans ce genre de récit, on sent de l'enthousiasme chez l'auteur pour nous raconter comment ses personnages vont s'organiser, pillant les magasins, cultivant un potager et élevant quelques bêtes, se protégeant d'éventuelles intrusions des militaires ou des chiens qui vivent désormais en meutes et semblent tous enragés. Il y a quelque chose de l'ordre du fantasme là dedans, celui de tout recréer à une échelle plus humaine dans une cellule presque familiale. Malheureusement si l'idée a du potentiel et du souffle, les maladresses sont trop nombreuses pour que l'on puisse vraiment y croire. Pour faire vivre son récit post-apocalyptique, Alain Blondelon se sent obligé de nous donner une explication abracadabrante tant d'un point de vue des motivations (l'humanité a disparu à cause des expériences des vilains militaires) que du point de vue scientifique (ils ont utilisé des ondes s'attaquant à toutes personnes ayant un QI au dessus d'un seuil défini). Juste pour l'anecdote on signalera également que les chiens ont été touché par l'expérience ce qui explique leur agressivité mais qu'ils se déplacent aussi désormais accompagnés d'un étrange radar radioactif... Si on rajoute une écriture pleine de poncifs (« De la violence gratuite ! Cela existera toujours, j'en ai peur. ») et quelques généralités malvenues sur les femmes (« Étonnant cette faculté des femmes à deviner ces choses là »), la lecture d'Onde de choc se révèle assez navrante. Un écueil pour Rivière Blanche dont on conseillera plutôt d'autres titres (L'anthologie Dimension Latino par exemple, Le météore de Sibérie de Jean-Pierre Andrevon ou Noir Duo de Sylvie Miller et Philippe Ward).