Née en 1945, Elizabeth Moon a exploré de nombreuses voies avant de se lancer à corps perdu dans la science-fiction et l’écriture. Diplômée en biologie, militaire pendant la guerre du Vietnam, conseillère municipale, elle a même été assistante paramédicale… Puis vient l’écriture et ses séries Sassinak et Heris Serrano. Dans sa bibliographie, La Vitesse de l'obscurité est un peu à part. Il s’agit d’un one shot sur l’autisme qui n’a rien à voir avec ses séries SF ou Fantasy… Un roman qui a obtenu le prix Nebula.
L’autisme au quotidien
Lou Arrendale est un autiste relativement bien intégré. Indépendant, il vit seul dans son appartement et a une bonne place dans une grande compagnie pharmaceutique dans une section qui regroupe des autistes comme lui. Il se débrouille même très bien dans ses cours d’escrime. Une vie réglée que vient perturber l’annonce d’une découverte énorme. Un traitement expérimental permettrait aux autistes de redevenir « normaux » en supprimant leur handicap. Mais Lou en a-t-il vraiment envie ?
Une belle claque
Lire de la science-fiction, c’est s’exposer parfois à prendre de belles claques. C’est le cas avec cette Vitesse de l’Obscurité d’Elisabeth Moon. C’est simple : c’est un livre passionnant à tout point de vue. D’abord parce qu’en choisissant son héros autiste comme narrateur, elle nous fait rentrer de plein pied dans son univers, dans sa manière de penser et de fonctionner, dans ses sentiments, en nous montrant bien toute la difficulté de son quotidien. Elle prend le temps de bien décrire son environnement, ce qu’il pense et ce qu’il perçoit afin que l’on s’imprègne de sa vision du monde. Et c’est un choc. Ensuite parce que ce roman pose les bonnes questions sur la différence et l’acceptation de l’autre. Qui est différent ? Qu’est-ce que la différence ? Comment la société perçoit-elle cette différence ? Et doit-on tout faire pour devenir normal ? Des questions classiques mais qui prennent ici toute leur force en étant alliées à la sensibilité de l’écriture d’Elisabeth Moon. Le pari n’était pas évident. L’autisme n’est pas un sujet facile et prendre comme héros et narrateur un personnage autiste était un vrai défi, qui plus est en faisant de son récit une légère anticipation. On ne peut pas juger de la justesse ou non de sa vision de l’autisme, n’y connaissant rien sur le sujet. Mais plus que l’exploit de l’écrivain, ce que l’on en retient surtout, c’est l’émotion qui se dégage de ce roman décidément superbe. Sans doute le fait que l’auteur ait elle-même un fils autiste n’est pas étranger à cette tendresse que l’on perçoit à travers ses mots et ses chapitres. Non décidément, en tout point, c’est un excellent roman. Ne pas le lire serait une faute de goût. Ce serait surtout passer à côté d’un grand livre…