Le Dragon et la Licorne
On croyait A.A.Attanasio perdu... Jusqu'ici, cet américain né en 1951, était pour les lecteurs français l'auteur du très controversé Radix, un livre univers datant de 1981 et pour lequel les fans de science fiction se disputent depuis des années afin de savoir si c'est bien un chef d'œuvre ou un roman plein de longueurs et de maladresses. Depuis, A.A.Attanasio était un peu porté disparu. On l'avait retrouvé en 1989 et 1993 le temps de deux romans : L'Arc du Rêve (qui faisait suite à Radix) et Le Dragon des Sept Mers, puis reperdu pendant une quinzaine d'années jusqu'à aujourd'hui et ce Dragon et la Licorne, premier tome d'une tétralogie de fantasy sur les traces du roi Arthur et dont le deuxième tome sortira en octobre prochain dans le label Orbit (remplaçant la collection fantasy de Calmann Levy). Cette relative sécheresse bibliographique d'A.A.Attanasio en Français ne correspond pas à sa réalité d'écrivain. Sa production en anglais compte désormais une vingtaine de romans et deux recueils de nouvelles, alternant fantasy et science fiction...
Avant Arthor, un dragon et une licorne.
Au cœur du monde dort un dragon dont les montagnes sont les écailles. Venue des plaines du Soleil, une licorne parcours la Terre en lui prenant un peu de son énergie. Et au milieu, les hommes tentent de survivre en construisant des civilisations. Reine des celtes, Ygrane a eu pour présage un mariage avec un roi qui en plus de la combler d'amour l'aidera à défaire ses ennemis. Afin d'accomplir son destin, elle charge le démon Lailoken de le trouver et de lui amener...
A l'origine des légendes...
Avec ce premier tome, A.A.Attanasio est revenu au tout début de la légende d'Arthur consacrant ses premières pages aux deux animaux mythiques, le dragon et la licorne, puis en mettant en place peu à peu les éléments qui vont conduire à la naissance d'Uther Pendragon. Tout cela sent évidemment le déjà vu. On pense immédiatement aux Brumes d'Avalon de Marion Zimmer Bradley ou au Trône de l'été de Gillian Bradshaw. En donnant sa propre version, A.A.Attanasio a choisi de prendre son temps, déroulant méticuleusement son intrigue, quitte à multiplier les longueurs. C'est le principal écueil de ce livre qui se traine un peu, notamment au début, avec en prime l'épaisseur de la plume de l'auteur faisant des tours et des détours. Au point qu'il ne faut pas hésiter parfois à sauter quelques passages pour accélérer la lecture de ce premier tome dont on ne déconseillera pas forcément la lecture. Sous les longueurs, le lecteur découvrira un contexte plutôt passionnant, celui d'une époque où cohabitaient en Bretagne les Celtes, les descendants de l'Empire romain et les autres royaumes des seigneurs locaux. Une période qui représente le basculement entre deux âges. Et si l'on n'a pas lâché en route, A.A.Attanasio récompense la patience en fluidifiant peu à peu sa narration à mesure qu'il se rapproche d'Uther Pendragon et de la trame principale de son cycle. On peut donc raisonnablement espérer un peu plus de vivacité dans l'intrigue des tomes suivants...
On l'a dit, les traductions de l'auteur de Radix en français ont été jusqu'ici plutôt rares. La lecture de ce premier tome d'Arthor rend un peu plus curieux de sa production et l'on en vient à se demander qui est vraiment A.A.Attanasio ? S'il n'y a pas de quoi crier au génie avec Le Dragon et la Licorne, ce livre possède des qualités qui donnent envie d'avoir un aperçu de ses autres romans et nouvelles, ne serait-ce que pour savoir si l'on a bien affaire à cet auteur culte si injustement sous-estimé, comme le pensent certains ou si l'ostracisme français avait une réelle raison d'être. On trouvera sans doute des éléments de réponses dans les prochains tomes.