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Coeurs d'or à l'amer

Aux éditions : 
Date de parution : 30/04/09  -  Livre
ISBN : 9782290012352
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Magda   - le 27/09/2018

Coeurs d'or à l'amer

Glen Cook n'est pas seulement l'auteur de la prestigieuse série de fantasy La Compagnie Noire. Il a également commis une série (une vraie, on en est au dixième volume aux US depuis 1987) qui met en scène un détective privé, un vrai dur au cœur tendre dans la grande tradition du genre, mais dans un monde de fantasy complet avec ogres, fées, indicateurs, bouges divers et crimes crapuleux. Son détective a un sens prononcé de la dérision (voire de l'auto-dérision) et, comme si cela ne suffisait pas, il doit se coltiner comme « adjoint » un homme-mort rondrum. Petite particularité : même morts, ils sont bavards. Et caustiques. Et on ne peut pas échapper à leurs commentaires, même si les corps eux-mêmes ne sont pas franchement mobiles : ils vous transmettent leurs fines remarques directement dans le cerveau... Pour couronner le tout, Glen Cook a décidé de choisir ses titres en déformant des expressions bien connues, à condition qu'elles contiennent un nom de métal, différent à chaque fois. On a ainsi Sweet Silver Blues (La Belle aux bleus d'argents, le premier volume, également paru en français chez L'Atalante), Cold Copper Tears, Old Tin Sorrows, Dead Brass Shadows, Red Iron Nights, Dead Quicksilver Lies, Petty Pewter Gods, Fadded Steel Heat, Angry Lead Skies... Coeurs d'or à l'amer (1988) est le deuxième volume de la série.

Une sombre histoire d'enlèvement...

Tout ne va pas bien dans les familles nobles du coin, fussent-elles issues d'une puissante sorcière : le fils de la dame Styx Orage a été kidnappé en profitant d'une absence de sa mère. D'accord, la famille roule sur l'or. D'accord, le père et le fils mènent une vie un peu dissolue. D'accord, l'enlèvement du rejeton n'était pas franchement difficile à mettre en œuvre. Mais qui serait assez suicidaire pour tenter un coup pareil ? Parce que sa mère va finir par rentrer. Et elle ne va pas être contente du tout...
Que vient faire Garrett dans cette galère ? Rassurez-vous, il se le demande aussi. Mais de là à laisser tomber, ce serait mal le connaître...

Dans la grande tradition du genre...

Glen Cook réussit à combiner avec bonheur fantasy et roman noir, posant un détective roublard, à la fois parfaitement égoïste et totalement désintéressé une fois qu'il est lancé, dans la lignée des privés de Raymond Chandler. La gouaille et la dérision du personnage au début font craindre une espèce de galerie populaire en pays féerique, un roman comique qui ne serait pas allé assez loin (la comparaison avec Pratchett est inévitable). Puis, petit à petit, le sérieux s'installe, et l'auteur parvient à donner une véritable profondeur à ses héros, leur petit monde, et leurs motivations à la petite semaine. Pas question ici de sauver le monde, Garrett se contenterait d'un ou deux héritiers. Et à la fin, on se dit qu'en fait, Glen Cook avait le ton juste dès le début, et qu'il l'a fait évoluer avec brio. Un bon roman noir qui peut rejoindre sans honte sur l'étagère La Belle aux bleus d'argents, Kiln People de David Brin, les derniers Fred Vargas ou votre collection de romans de Chandler...

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