Les Annales de La Compagnie noire sont LA série de fantasy de Glen Cook à lire absolument. Le présent volume rassemble les trois premiers romans de la série: La Compagnie Noire, Le Château noir, et La Rose Blanche, formant la trilogie des Livres du Nord. Plus d'une dizaine de très belles illustrations en doubles pages de Didier Graffet illustrent le récit. Ce qui ferait de cette édition un très bel objet et un bon investissement s'il ne souffrait pas d'un défaut ennuyeux : mon volume comporte une duplication des pages 832 à 863, et évidemment les pages 864 à 895 manquent, ce qui est très frustrant dans un récit aussi plein de rebondissements, et à un moment clef de l'histoire. Un problème qui a peut-être été corrigé depuis, mais à vérifier avant d'acheter...
Le temps passe...
Les mercenaires de la Compagnie Noire doivent fuir de nouveau. Quand ce n'est pas l'employeur qui se retourne contre eux à l'heure de la paye, ce sont des phénomènes fantastiques et généralement sanglants qui les prennent pour cible. On les trimballe de ci de là, sans les informer de quoi il retourne, et évidemment ils en prennent plein la gueule. Ca ne rate jamais.
Ils en ont assez. Aucune victoire n'est définitive, et chacune apporte son lot d'amis perdus. Mais ils continuent, parce qu'ils ne connaissent rien d'autre, et que la Compagnie, c'est la famille... Toubib, le médecin, est également la mémoire de la Compagnie: comme tant d'autres avant lui, et d'autres après, il tient les annales, où il relate le quotidien, les batailles et les rêves des soldats. Mais parfois, les rêves, il faut s'accrocher pour continuer à y croire...
Un univers glauque et jubilatoire
Les Annales de la Compagnie noire sont basées sur une idée réellement originale : donner la vedette non pas à un personnage, mais à une troupe de mercenaires, une vraie, avec plusieurs centaines d'hommes (dans les bons jours). Non seulement cela, mais ces hommes sont des troufions de base, interchangeables à quelques rares exceptions près. De ceux que les héros taillent en pièces sans que le lecteur ne se pose de questions dans les autres romans de fantasy, surtout lorsque, comme ici, ils sont engagés du mauvais côté (puis du bon; au fait, comment est-on sûr qu'on est avec les gentils ?)... Parce qu'ils faut avouer qu'ils ne sont pas bien reluisants. Menteurs, voleurs, illettrés, susceptibles ou plus conciliants, encore remplis d'illusions ou ayant perdu tout soupçon de morale et d'humanité, ils se sont engagés dans la Compagnie pour oublier leur passé. Glen Cook parvient à donner une véritable profondeur à ces durs à cuire même pas au cœur tendre, qui vieillissent et se décrépissent au fil des tomes, qui sont tour à tour jouets des puissants, victimes et bourreaux. Et pourtant, ou peut être justement à cause de tout cela, on est tout de suite accroché. Et on en redemande. Heureusement, il y en a encore, et la série semble loin d'être terminée...