L'Île des morts

Thomas Mosdi est né à Lille. Musicien et créateur de jeux de rôles, il se lance à cœur perdu dans la bande dessinée avec Sorel, Ledroit et Didier Convard, qui l'accompagnera dans ses premiers pas dans l'univers de la BD. Mosdi aborde tous les types de récits, mettant en scène korrigans, chimères ou succubes, même s'il affectionne les histoires fantastiques. Véritable touche-à-tout, éclectique et prolifique, ce scénariste inspiré nous réserve encore de belles et sombres histoires.

Guillaume Sorel, né le 26 mars 1966 à Cherbourg, nous vient de l'École Supérieure des Beaux-Arts de Paris. Il fait ses premières illustrations dans le milieu du jeu de rôles (Casus Belli, Scale, Oriflam). C'est pendant une soirée pour l'anniversaire des 10 ans de Casus Belli qu'il rencontre Thomas Mosdi, et de cette rencontre naîtra leur première BD : L'Île des morts. Leur aventure va durer de 1991 à 1996. Mais il faudra attendre 2000 pour voir son premier album solo (Mother).

À l'ombre d'Howard Phillips Lovecraft

Le point de départ de cette histoire est la peinture homonyme L'Île des morts d'Arnold Böcklin, réalisée en 1880 : le passage vers l'au-delà, Charon menant la barque avec un défunt vers une île. C'est autour de cette œuvre hallucinée que tous les occultistes d'Europe se rejoignent. Un jeune peintre inconnu va se retrouver au centre d'un combat occulte chargé de convoitises et de meurtres. Les secrets et les démons gravitent auprès de lui pour le retour de Dieux oubliés. Un sombre mécène va lui faire entrevoir un passage vers une réalité maléfique qui l'attend depuis des siècles. Il commence alors un long voyage vers l'enfer de son âme où la seule musique qui l'accompagne est le son des pinceaux sur la toile.

Le duo Sorel-Mosdi nous donne une création forte qui ne laissera pas indifférent. Récit à tiroirs, L'Île des morts est une descente aux enfers puissante et passionnante. La folie règne en maîtresse, les intrigues rebondissent sans cesse avec des personnages récurrents. Le scénariste emmène les lecteurs à la fin du livre haletants et épuisés par ce voyage aux pays des Grands Anciens.

Les dessins  torturés et gothiques servent avec brio ce récit sombre et vénéneux. L'univers de Sorel prend toute sa force sous la férule de ce menaçant récit. La galerie de portraits, les couleurs et la pétrifiante beauté des lieux permettent de s'imprégner de l'ambiance de cette œuvre.

Vous sentirez la fumée de cigarette de ce bar minable et entendrez le bruit de la ville, et même, quelques fois, le crissement d'une lame sur une gorge dénudée. Un voyage au long cours au tréfonds de la conscience où le seul port qui vous attend est l'Île des morts.