La Machine
Pour réaliser L’Ultime Chimère, Laurent-Frédéric Bollée a confié le dessin à plusieurs dessinateurs. Dans ce quatrième tome, deux dessinateurs se partagent le travail : Griffo pour le futur et Fabrice Meddour pour les passages sur Léonard de Vinci. Ils continuent la folle quête à travers le temps qu'est cette aventure, mais aussi montrent qu'il est possible de travailler différemment qu'en couple scénariste/dessinateur pour une bande dessinée de qualité.
Le Maître et le Roi
1516. Léonard de Vinci arrive auprès de François 1er. S'installe alors entre le suzerain et l'artiste-ingénieur un jeu du chat et de la souris. Lorsqu'il a eu vingt ans, Léonard a reçu des mains de son propre maître un objet étrange, une source d'inspiration qui porte en elle une malédiction. La pointe d'une flèche...
Tentatives pour acheter l'arme, pour la voler, tout est bon. Pourtant, le maître se tait. Il est obnubilé par des rêves, ceux d'une machine formidable, peut-être la clé d'un autre monde. Il ne dira rien, même sur son lit de mort. Mais peut-être a-t-il laissé des indices, le moyen de retrouver cet objet ? Et même alors, le futur dépositaire sera-t-il à la hauteur de la charge, ou préférera-t-il s'en débarrasser ?
En parallèle, bien plus tard, dans l'espace, l'homme immortel continue son récit, dévoile son passé inextricablement mêlé à celui de la flèche de Nemrod.
Un récit qui patine un peu
Nous en sommes au quatrième tome, sur les sept prévus. Celui-ci présente une belle histoire, nous parle de ce génie que fut Léonard, nous dessine une époque du passé qu'il est agréable de voir revivre, mais dont l'utilité paraît, à la fin, discutable. En quoi montrer la vie de cet homme, si ce n'est pour donner quelques clés sur le mystère de Nemrod ? Pourtant, le lecteur n'est pas plus avancé à la fin de ce tome qu'avant sa lecture. Rien de vraiment neuf, mis à part quelques aveux de l'immortel.
L'impression que laisse ce volume est que le scénariste tire un peu à la ligne. Il se sert d'époques magiques pour notre imagination, de personnages fabuleux pour nous tenir accrochés à son univers, mais les ficelles sont un peu grosses. Plus l'histoire avance, plus il semble que tout le monde connaissait l'existence de l'objet mystique, des califes aux rois de France en passant par les soldats et les artistes. Dans ce cas, comment le secret aurait-il pu être gardé ?
Ce qui compte peut-être pour l'auteur, c'est juste de nous promener dans les époques. Nous avons visité – entre autres – la Seconde Guerre Mondiale, Napoléon, maintenant François 1er... Et la flèche ne serait qu'un prétexte au voyage ? Pourquoi, dans ce cas, insister sur cette pyramide métallique en orbite autour de la Terre, dans un futur proche ?
Il est difficile d'imaginer ce qui pourrait se passer dans les tomes suivants, dont trois encore sont attendus, pourtant la solution semble être là, juste à portée de la main. Ce qui laisse perplexe sur la poursuite de cette œuvre.
Ce qui continue de fonctionner à merveille, c'est le dessin à plusieurs mains. Époques très marquées, au trait totalement différent – classique et fouillé pour le Moyen-Âge, dépouillé aux couleurs saturées pour le futur. Ainsi, les atmosphères sont mieux rendues et les sauts temporels de la narration clairement identifiés. Rien que pour cela, la série vaut le coup d'être suivie.