Sphères

Ingénieur en prospective de défense, Jean-Michel Calvez est passionné par les sciences. Il l'avait déjà montré dans son précédent roman chez Interkeltia, L'Arène des géants. Mais c'est aussi un auteur de romans moins scientifiques, comme STYx (chez Glyphes) ou La Boucle d'octobre (chez Rivière Blanche).

OVNI au-dessus de l'Atlantique

Soudainement, une sphère d'un diamètre de cent kilomètres apparaît au-dessus de l'Atlantique. Le silence de ceux qui l'ont amené sur Terre, les phénomènes étranges qui l'entourent, les mystères de ses origines vont être la source de tensions politiques entre les nations de la planète. Pour les scientifiques chargés de donner des réponses concernant la sphère, une course aux explications est lancée, avant que l'OVNI ne devienne une menace.

Qui dit Big dumb object ne veut pas dire roman idiot

Le Big dumb object (gros objet stupide) a été un thème largement abordé dans les romans de science-fiction à une certaine époque par des auteurs célèbres (Larry Niven, Arthur C. Clarke, Philip José Farmer, et caetera). Il est maintenant quelque peu en désuétude, mais Jean-Michel Calvez écrit, avec Sphères, un livre appartenant incontestablement à ce sous-genre de la science-fiction. En effet, on y trouve un gigantesque OVNI qui laisse les scientifiques dubitatifs et met les politiques dans tous leurs états.
Mais qu'apporte Calvez au thème ? Sphères est un roman dans lequel l'aspect scientifique est prépondérant. Même s'il explique de façon claire les phénomènes physico-chimiques que produit l'engin, il introduit des données précises qui peuvent rebuter les lecteurs qui ont peu d'affinités avec les sciences qu'on dit dures. Toutefois, n'importe quel lecteur se laissera facilement absorber par le récit, car il va rapidement vouloir découvrir quel(s) mystère(s) renferme(nt) cette sphère gigantesque de cent kilomètres de diamètre planant au-dessus de l'océan.

Pour les faire découvrir, Jean-Michel Calvez utilise deux personnages. Sidney Hornwell et Olivier Berthold sont des journalistes scientifiques. Le premier est Américain, l'autre Français. Tous deux vont être propulsés sur le devant de la scène internationale en intégrant le Sphere Committee, un comité chargé de récolter et d'analyser les données sur la sphère.
Ces personnages sont plutôt sympathiques, même si Jean-Michel Calvez n'insiste pas sur leurs personnalités, qui pâtissent de la concentration de l'auteur sur le récit de leurs découvertes. Leur nature de personnages se résume à celle d'outils faisant avancer l'histoire. De plus, on peut être déçu de la façon dont l'auteur se sert d'eux et du rôle qu'il leur donne au sein du Sphere Committee. Ils se révèlent en effet extrêmement chanceux, découvrant tous deux, à tour de rôle, et chaque fois par hasard, les explications aux phénomènes qui entourent l'OVNI. On y croît difficilement, même si l'auteur amène chaque fois la chose de façon intéressante. Les deux journalistes scientifiques apparaissent finalement comme plus experts que les scientifiques de profession et on frôle le Deus ex machina.

L'autre conséquence de la place importante des explications scientifiques dans Sphères est le rythme du récit, qu'on peut qualifier de lent. Le dernier Calvez n'est pas marqué du sceau de l'action et de l'adrénaline. Les scènes qui font monter le suspense sont rares et un lecteur s'attendant à profusion d'événements singuliers suite à l'apparition d'un gigantesque OVNI risque d'être déçu.
Dans L'Arène des géants, Jean-Michel Calvez avait mieux réussi à mélanger aspects scientifiques et éléments romanesques à proprement parler, peut-être grâce aux interludes mettant en scène les extraterrestres. Conclusion : Sphères n'atteint pas le niveau de qualité du précédent roman de l'auteur chez Interkeltia.

Avec Sphères, Jean-Michel Calvez n'est donc pas à son meilleur. Il peut faire mieux et nous avons eu l'occasion de le voir. Interkeltia aussi : le livre est rempli de coquilles, de nombreuses phrases ont perdu des mots et il y a même une équation chimique non équilibrée, ce qui n'est pas sans ridicule au milieu d'une explication scientifique.
Sphères est malgré tout un roman sympathique, possédant des facettes de grand intérêt et remettant au goût du jour un thème de science-fiction que peu d'auteurs abordent aujourd'hui.