BD
Photo de Smarra

Smarra

Aux éditions :   -  Collection : 
Date de parution : 31/10/09  -  BD
ISBN : 9782723467537
Commenter
stephaneg   - le 31/10/2017

Smarra

Après Vathek, les éditions Glénat publient dans la collection Carrément BD une deuxième bande dessinée de Patrick Mallet. Ce diplômé de l'École Supérieure des Arts Graphiques d'à peine quarante ans est également l'auteur des séries Achab et Les Plombs de Venise.

Un cauchemar de près de deux cents ans

Smarra de Patrick Mallet est l'adaptation de la nouvelle de Charles Nodier, Smarra ou les démons de la nuit, écrite en 1821.
Lorenzo revient avec sa femme Lisidis d'une soirée sur l'Île Belle du Lac Majeur. Cette dernière s'y est fait courtiser par un hussard. La nuit de Lorenzo, qui éprouve de la jalousie, en est agitée : il cauchemarde et s'imagine une terrifiante aventure en Thessalie, la contrée des sorcières. Lisidis y apparaît sous l'identité de Méroé et le hussard sous celle de Polémon. Ce dernier raconte les tourments que lui a fait vivre la sorcière, par l'intermédiaire du démon Smarra.

Une bande dessinée magnifique

Avec Smarra, Patrick Mallet livre une bande dessinée doublement réussie.
Tout d'abord, il fait découvrir – ou redécouvrir – au lectorat de BD un écrivain du XIXe siècle quelque peu oublié, qui a marqué de son œuvre le paysage littéraire de son époque. Charles Nodier (1780-1844) fut l'un des fondateurs du mouvement romantique. Académicien, il a côtoyé d'autres grands noms de la littérature française, tels Alexandre Dumas, Honoré de Balzac ou Prosper Mérimée. Smarra ou les démons de la nuit est une incursion de l'auteur dans l'univers du fantastique, à une époque où l'on ne faisait pas encore de distinction entre les genres. On peut même sans hésitation faire une comparaison avec certains écrits de Howard Phillips Lovecraft, qui naîtra et mènera sa carrière plus d'un demi-siècle plus tard.
Ensuite, Patrick Mallet adapte une aventure onirique à la fois magnifique et horrifiante, peuplée de sorcières maléfiques et de démons terriblement monstrueux. Une exploration des pires aspects du sommeil, où les éléments réels sont transformés, magnifiés, pour aboutir à la création d'un univers impalpable et, comme c'est le cas pour Lorenzo, cauchemardesque.

Cette adaptation, l'auteur l'effectue en s'appuyant sur son dessin qui pourrait être qualifié de naïf. Beaucoup diront que son trait n'est pas beau. Il est surtout, à l'instar de celui d'un Joann Sfar – n'ayons pas peur des comparaisons ! –, travaillé, parfaitement dosé, et ne peut pas plaire à tout le monde. Tant pis, il apporte beaucoup de charme à Smarra, offrant un décalage intéressant avec l'atrocité des événements.
Le découpage des planches, notamment, est révélateur d'un grand talent de mise en scène. Les plans cinématographiques, les organisations des cases toujours changeantes, la superposition de certaines d'entre elles sur de grands dessins donnent un dynamisme incomparable à l'ouvrage.
Enfin, le tout est mis en couleur par Laurence Croix, une coloriste expérimentée qui met son talent au service de Patrick Mallet et sublime son travail.

Smarra est une excellente bande dessinée, magnifique et racontant une histoire fantastique passionnante. Que demander de plus ?

Genres / Mots-clés

Partager cet article

Qu'en pensez-vous ?