Je suis né en 1892 à Bloemfontein, en Afrique du Sud, de parents anglais et mort en 1973. Diplômé d'Oxford, j'obtiens, après la Première Guerre Mondiale à laquelle je participe, une chaire de langue ancienne entre 1925 et 1945. J'ai été spécialiste mondial en philologie. J'écris en 1937
Bilbo le Hobbit, puis je mets quatorze ans à réaliser mon chef-d'œuvre,
Le Seigneur des Anneaux, dont le premier tome paraît en 1954. Je poursuis ensuite l'exploration de l'univers de la Terre du Milieu avec des ouvrages comme
Les Aventures de Tom Bombadil,
Le Silmarillion ou
Les Contes et légendes inachevés. Je suis ? Je suis ? J.R.R. Tolkien, évidemment.
Comment un Hobbit vainquit le Seigneur des Anneaux De la Comtée jusqu'au Mordor, l'aventure de Frodon Sacquet est une épopée héroïque qui le verra affronter, aux côtés des Elfes, des guerriers du Gondor, du Magicien Gandalf le Gris,
et cætera. les terribles forces du Mal : orques, Nazgulls et autres araignées géantes.
Tout cela à cause du maudit Maître-Anneau que lui a confié, à regret, son oncle Bilbo. À regret, car l'Anneau impose sa volonté à celui qui le porte, lui devient indispensable. Pourtant, il faudra bien à Frodon le détruire, sans quoi jamais la menace que fait peser Sauron sur la Terre du Milieu ne sera dissipée...
Le Seigneur des Anneaux, une œuvre mythique ...
Le Seigneur des Anneaux est un
best-seller de la
fantasy, le livre fondateur d'un genre qui connaît aujourd'hui, au moins commercialement, son apogée.
La Communauté de l'Anneau,
Les Deux toursLe Retour du Roi sont évidemment des lectures appropriées pour quiconque s'intéresse un tant soit peu à ce pan de la littérature de l'Imaginaire. Souffle de l'aventure, univers fouillé, personnages héroïques et attachants, action, drame, Tolkien a écrit un fantastique ouvrage avec tous les ingrédients du succès.
et
Si Tolkien se met à l'écriture, c'est parce qu'il est passionné par les langues (il est philologue et en connaissait une douzaine) et par la mythologie nordique. Il imagine d'abord les dialectes des peuples de la Terre du Milieu. Les textes qu'il écrit ensuite sont avant tout des prétextes pour les mettre en application. Suit alors le développement d'un univers complexe. Tolkien a le souci du détail : géographie, sociologie des différentes nations qui peuplent son « passé imaginaire de la Terre » sont détaillées avec précision dans ses différents livres.
Le Seigneur des Anneaux ne fait pas exception. Tolkien l'écrit toutefois à la demande de son éditeur, suite à la publication de
Bilbo le Hobbit qui connaît un certain succès. L'auteur y décrit un univers qu'il peut développer et il décide de placer l'Anneau de Bilbo au centre du récit. Tolkien mettra plusieurs années à écrire les six livres qui constituent le roman, en partie à cause de la Seconde Guerre Mondiale, et il aura du mal à terminer son récit, dont il achèvera toutefois l'écriture en 1949. Il cherche alors à faire publier
Le Seigneur des Anneaux en même temps que le
Silmarillion. Le projet ne convainc pas les éditeurs anglais, intéressés par le premier, mais moins par le second. Tolkien devra se résigner, mais sa théogonie de la Terre du Milieu, elle aussi, aura le droit aux honneurs de l'édition en 1977.
À sa parution en 1954,
Le Seigneur des Anneaux ne connaît pas vraiment un succès critique. Il reste une œuvre mineure jusque dans les années soixante et soixante-dix, pendant lesquelles il devient un symbole de la contre-culture. On pourrait rapidement avancer que c'est le goût des hobbits pour les « herbes » et les « feuilles à pipe » qui rendaient sympathiques les héros du roman de Tolkien aux hippies et aux membres des mouvements contestataires américains. C'est peut-être aussi la comparaison entre ces petits êtres engagés malgré eux dans une guerre dans des contrées lointaines, pour des raisons qui sont loin de les tracasser, alors qu'ils ne désirent rien d'autre que jouir de la vie simple de la Comté, et les jeunes Américains envoyés au Vietnam qui fit du
Seigneur des Anneaux un emblème de leur mouvement.
Le roman profitera aussi de l'engouement pour la science-fiction et la fantasy, genres en progression depuis l'Âge d'or, pour devenir culte. Le jeu de rôle, notamment le célèbre Donjons & Dragons, qui connaît au milieu des années 70 son avènement, utilise largement des éléments du livre de Tolkien.
Autant d'éléments qui ont hissé
Le Seigneur des Anneaux au statut d'œuvre majeure, pour ne pas dire mythique.
...mais un chef-d'œuvre contesté C'est en 2002 que la position du
Seigneur des Anneaux en tant que livre exemplaire et à mettre entre toutes les mains fut contestée. On apprenait en effet, dans l'ouvrage d'Isabelle Smadja,
Le Seigneur des Anneaux ou la Tentation du mal, que Tolkien était raciste et qu'il a imaginé une histoire fortement empreinte d'un manichéisme malsain.
Cette agrégée de philosophie avançait que la lutte entre races racontée par l'auteur anglais était l'expression d'une accointance de ce dernier avec l'idéologie aryenne. Les orques y sont pour elle les représentants d'une race inférieure que les héros peuvent exterminer sans crainte de jugement et sans remords. Quant aux elfes, ne sont-ils pas supérieurs en tout aux autres races, à l'image des Aryens dans l'idéologie nazie ? Smadja reprochait également le peu de place laissée à la femme dans le récit de J.R.R. Tolkien. Elle voyait enfin dans l'Anneau – objet fournissant assez de puissance à Sauron pour devenir le maître cruel et sans pitié de la Terre du Milieu – une symbolique de fascination pour la mort et la destruction qui déculpabiliserait le jeu avec la mort du lecteur du
Seigneur des Anneaux. À tout cela s'ajoute l'apparent manichéisme du roman : le Bien affronte le Mal, les gentils remportent la victoire sur des êtres maléfiques dont la nature est parfaitement définie. Et si Tolkien n'avait finalement écrit qu'un conte banal, avec un fond pervertissant ?
Levée de boucliers chez les amateurs de l'œuvre de l'auteur anglais ! Bien que né en Afrique du Sud, l'homme quitte le pays de l'Apartheid dès ses trois ans ; il a à maintes reprises critiqué les préceptes du nazisme dans une œuvre qui, prit dans son ensemble, ne laisse, selon les spécialistes de Tolkien, aucun doute sur l'ouverture d'esprit de ce dernier.
Mais alors, et cette lutte des races, cette apparence archétypale des représentants de chaque espèce ? Elle est fausse, indiquent les fans : l'amitié entre l'elfe Legolas et le nain Gimli n'est qu'un exemple montrant que l'auteur du
Seigneur des Anneaux prônait au contraire la fraternité entre les peuples ; on trouve aussi bien des personnages mal intentionnés chez les hommes, les elfes ou les nains que chez les serviteurs de Sauron. Les protagonistes sont en effet aux prises avec leurs émotions, affrontent en leur for intérieur les forces du Mal. Et parfois, ils y succombent : Boromir, Gollum, Bilbon ou Frodon eux-mêmes sont infectés par le pouvoir de l'Anneau et dévient du chemin de la vertu. Ils devront avant tout de battre contre eux-mêmes pour sauver le monde.
Nombreux sont les arguments qui ont été opposés à ceux qui ont dénigré
Le Seigneur des Anneaux. Il semble bien que Smadja se soit trompée, mais si le roman de Tolkien n'a pas de défauts idéologique, cela ne veut pas dire qu'il n'a pas des faiblesses...
En effet, c'est dans un tout autre ordre, littéraire cette fois, que le livre est critiquable. On peut trouver à l'histoire le défaut de commencer de façon particulièrement lente. Il est vrai que l'épopée de Frodon et de ses compagnons ne débute vraiment qu'à la moitié du premier tome (aux environs de la trois centième page, quand la Communauté de l'Anneau se forme). Tolkien écrit en partie ses livres dans le but de développer son univers. Il place parfois dans son récit des passages qui en plombent le rythme, mais riches en informations sur la Terre du Milieu. L'auteur semble à plusieurs reprises s'être fait plaisir en mettant en scène des personnages ou en décrivant des événements sans grand intérêt (la rencontre avec Tom Bombadil en est le parfait exemple).
On arguera sans doute que si le calme fait de temps en temps suite à des tempêtes d'action, c'est souvent l'occasion de renforcer les liens sentimentaux entre des personnages, de dévoiler plus avant des pans d'un univers fascinant ou, tout simplement, de permettre aux héros de se reposer. Mais le résultat est quand même un énorme pavé assez exigeant envers le lecteur.
D'autant plus difficile à lire, en réalité, qu'il est écrit dans un style un peu archaïque. Tolkien emprunte aux conteurs antiques un art de la narration parfois grandiloquent ou verbeux. Une langue chargée, qui n'est pas de celles qui ont le mieux vieilli, que la traduction, signée Francis Ledoux, n'a sans doute pas avantagée. Le travail du traducteur français est d'ailleurs l'objet de nombreuses critiques : les noms des personnages qui sont modifiés pour faire plus français (Frodo devient Frodon, Bilbo Bilbon...) ou tout simplement traduits, une méconnaissance des langues inventées par Tolkien ou tout simplement des lacunes concernant l'univers de la Terre du Milieu sont à l'origine de coquilles et d'erreurs. Une traduction que les éditions Christian Bourgeois (l'éditeur historique ayant commandé le travail de Ledoux) avaient le projet de réviser avant de se tourner vers l'édition des inédits de Tolkien et de son fils Christopher.
L'œuvre de Tolkien n'est pas le plus célèbre des romans de
fantasy pour rien. Il est incontournable et même si sa lecture n'est pas des plus faciles, il enchante celui qui le découvre ou le redécouvre par son côté épique, son univers fouillé et ses personnages amusants, fascinants ou simplement sympathiques.
Une réédition parmi tant d'autres Depuis sa première parution en France en 1972, le chef-d'œuvre de John Ronald Reuel Tolkien a été à maintes reprises réédité sous différentes formes. En grand format, évidemment, chez Christian Bourgois, l'éditeur français historique, ou chez France Loisirs, mais surtout au format poche (tant chez Le Livre de Poche, Gallimard ou Pocket). À chaque fois, il s'agit en fait de l'édition initiale de Christian Bourgois, reprise par les différents éditeurs, divisée en trois tomes pour les poches, sans modification notable du contenu (notamment la traduction). Que ce soit étiqueté littérature de
fantasy ou romans jeunesse, les trois épisodes du
Seigneur des Anneaux n'ont jamais quitté les rayons des librairies depuis leur première parution.
En cet an de grâce 2010, Pocket publie l'intégrale du
Seigneur des Anneaux en un unique livre rassemblant les trois tomes de l'aventure de Frodon Sacquet, au format poche. Une intégrale au format poche, évidemment et paradoxalement, volumineuse avec ses mille deux cents quatre-vingt pages écrites en tout petit.
On peut s'interroger sur la pertinence d'une telle entreprise : l'objet est énorme et peut transportable ; il n'apporte rien de particulier aux précédentes éditions : les annexes qui accompagnent toujours les romans de Tolkien sont bien plus nombreuses dans d'autres éditions.
En fait, cette nouvelle parution a le mérite de rendre accessible à tout un chacun le célèbre ouvrage pour un prix modique (grosso modo la moitié du prix des trois romans séparés au format poche). On peut difficilement trouver
Le Seigneur des Anneaux pour moins cher, et c'est déjà un plus.