La Reine de vengeance

Avec une trentaine d'ouvrages à son actif, Christophe Lambert continue à surprendre ses lecteurs par la remarquable diversité de son inspiration et des thèmes qu'il aborde. Malgré de fréquentes incursions dans le domaine de la littérature pour adultes, il n'abandonne pas pour autant ses jeunes lecteurs. Après avoir situé l'action de ses romans dans des périodes aussi variées que le far-west ou la Seconde Guerre mondiale, il nous emporte, avec La Reine de vengeance, sur l'île de Bretagne au premier siècle de notre ère, sous le règne de l'empereur Néron. Conformément à la ligne éditoriale de la collection Royaumes perdus de Mango jeunesse, ce livre donnera l'occasion de découvrir les contes et légendes  d'une autre culture. Cette fois, il s'agit de la mythologie romaine et de la Bretagne celtique, agrémentée d'une bonne dose d'aventure...

Romains, go home !

Prasutagos, roi des de la tribu celte des Icènes, vient de mourir et sa femme, Boadicée, lui succède. À peine intronisée, la jeune reine devra affronter les Romains venus réclamer leur tribut. Lorsque des légionnaires violeront les filles de Boadicée, celle-ci n'aura plus qu'une idée en tête : chasser les Romains de Bretagne. Les Celtes voient leur société traditionnelle menacée par le pouvoir romain, leurs anciennes divinités ont été remplacées par celles des envahisseurs, tandis que sur le mont Olympe, les dieux sont également mis en danger par la raréfaction de leurs fidèles. Afin de s'opposer aux colons, Boadicée obtiendra l'aide d'une tribu voisine ainsi que celle de la déesse Minerve, qui lui fera présent de Trisiphone, une lance aux pouvoirs surnaturels, ce qui ne sera pas du goût de tous les dieux. Alors commence une guerre impitoyable placée sous le signe de la vengeance...

Aventure, histoire et mythologie

Avec ce roman d'aventures que l'on sent appuyé sur un solide travail documentaire, Christophe Lambert réussit l'exercice toujours délicat qui consiste à enseigner sans ennuyer et à donner envie au lecteur d'approfondir ses connaissances au sujet de cette période troublée de l'Histoire. Il parvient également à contourner avec habileté le manque d'informations fiables sur la religion des anciens Celtes en subordonnant leur existence à la foi des croyants. Quelques discrètes allusions au mythe arthurien viennent compléter ce panorama d'une civilisation dont l'influence a marqué durablement la culture européenne. Ce sont cependant les dieux du panthéon romain qui apporteront à l'histoire la touche de fantasy indissociable des volumes de la collection Royaumes perdus.

Les aspects historiques et mythologiques ne sont cependant pas les seuls points forts du roman. Les jeunes lecteurs pourront également y trouver des sujets de réflexion sur la haine, la vengeance, la violence et l'escalade de celle-ci, ainsi que sur les moyens d'en sortir. Cette violence, nécessaire à l'illustration du propos de l'auteur, reste présente tout au long de l'histoire, sans fards ni excès malgré l'évocation de viols, tortures et autres scènes de batailles, mais elle est tempérée par l'attitude de certains des personnages qui donnent au lecteur le recul indispensable pour l'affronter.

L'aventure n'est évidemment pas oubliée dans ce roman dont l'action est située en des temps où le simple fait de survivre, pour les humbles comme pour les puissants, atteignait souvent une dimension épique. Le rythme du roman demeure constant d'un bout à l'autre et les pages ne demandent qu'à être tournées, jusqu'à la bataille finale. Les sentiments ne sont pas non plus absents et l'amour y est présent grâce au personnage de Boadicée qui allie de façon équilibrée féminité et exercice du pouvoir. La Reine de vengeance constitue une réussite de plus à mettre au crédit de Christophe Lambert, et une très agréable lecture pour tous publics.