Lamentation
Né en 1968 aux États-Unis, Ken Scholes a d'abord commencé par publier plusieurs nouvelles à partir de 2000 avant d'écrire son premier roman de fantasy, Lamentation, sorti en 2009. Ce dernier est le premier tome d'une série de cinq et il a apparemment bénéficié d'un gros engouement du public américain. En parallèle de ses activités d'écrivains, cet ancien joueur de jeux de rôle a travaillé pour l'armée, a été pasteur et officie désormais au sein d'une agence locale gouvernementale dans le domaine de la passation de marchés.
Une catastrophe et des forces en présence.
L'histoire de ce roman commence par un drame. La cité de Windwir a été totalement anéantie par une énorme explosion. Non seulement des milliers de personnes y ont laissé la vie, mais la gigantesque bibliothèque de la ville a été entièrement détruite et avec elle une somme de savoir inestimable pour l'humanité.
Rudolfo, le roi tsigane, fait partie des premiers à arriver sur les lieux de la catastrophe. Le spectacle de désolation qui s'offre à lui est terrible. Dans les décombres, il découvre un automate de métal qui s'accuse d'avoir déclenché la catastrophe... Rudolfo a lui dans l'idée que l'homme mécanique a été manipulé. Ses soupçons se portent sur Sethbert, le dirigeant mégalomane de plusieurs cités-états et dont les troupes viennent elles aussi d'arriver sur place en même que d'autres seigneurs. Reste à découvrir ses motivations. Qu'est-ce qui peut justifier un tel massacre ?
Un héros attachant, quelques innovations et de petits défauts.
Lamentation est un roman de fantasy qui bénéficie de quelques innovations bienvenues. La première d'entre elle est l'existence d'une technologie venue de temps reculés et incarnée par ces humanoïdes mécaniques. Une vraie surprise dans un monde plutôt moyenâgeux, avec ses guerriers et ses rois, et qui bénéficie également d'un système diplomatique plutôt élaboré, donnant à l'intrigue une dimension parfois très politique, avec des alliances et des trahisons. C'est d'ailleurs un des meilleurs aspects du roman, les personnages devant faire face à leurs obligations tout en se demandant s'ils sont réellement maîtres de leurs mouvements ; avec, en prime une aspect religieux marqué et intéressant. Mais c'est aussi l'une des faiblesses de Lamentation. Ken Scholes donne parfois l'impression que ses héros n'ont pas du tout de libre arbitre, simples pantins de ceux qui dans l'ombre tirent les ficelles de leurs vies. Il manque aussi sans doute à ce roman une grande bataille qui emporterait la décision, un souffle épique qui relancerait l'intérêt d'une histoire qui se perd un peu à sauter d'un protagoniste à l'autre. L'auteur s'approche tellement de cette grande explication par les armes que l'on est un peu frustré qu'elle n'ait finalement pas lieu.
Il n'en reste pas moins que Lamentation est un bon roman de fantasy. Ses défauts n'enlèvent par au livre un intérêt certain. Ken Scholes brosse une galerie de personnages plutôt attachants tout en mettant le savoir et la culture au centre des enjeux du roman. Voilà qui est également inhabituel en fantasy. On recommandera donc Lamentation aux amateurs du genre. Il apporte un vent frais qui sans être révolutionnaire mérite que l'on s'y arrête. Un premier ouvrage qui contient en tout cas de belles promesses avec un monde à développer.