Encore une fois les éditions Bragelonne nous montrent en traduisant ce nouvel auteur que nous ne connaissons en France qu’une partie de la fantasy mondiale. Et pourtant K. J. Parker a une belle carrière outre-Manche avec plus d'une dizaine de romans depuis ses débuts en 1999. Juriste de formation et journaliste, elle a imaginé dans Les Couleurs de l’Acier un héros avocat se battant en duel pour faire gagner ses clients lors des procès.
La justice à la pointe de l’épée
Ancien militaire, Bardas s’est reconverti en avocat une fois les batailles terminées. Un métier dans lequel son habileté à l’épée fait merveille. En effet, à Perimadeia, l’issu des procès se joue entre les avocats des deux parties qui se battent en duel. La mort de l’un des deux signifie la défaite judiciaire de son camp. Un système simple, spectaculaire et efficace qui n’a qu'un seul défaut : limiter les carrières dans le temps des avocats. Rares sont ceux qui tiennent plus de quelques années avant de se faire embrocher. Seuls certains comme Bardas parviennent à survivre. Mais il sait que sa situation est précaire et que l’âge avançant, ses chances à l’épée dans la salle d’audience s’amenuisent peu à peu face à des adversaires plus jeunes. Aussi pense-t-il se ranger pour ouvrir une école d’escrime. C’est sans compter le peuple de nomades qui préparent l’attaque de la ville à quelques kilomètres de là… Bardas n’en a finalement pas fini de se battre pour sa vie…
Autant le dire tout de suite, on ressort un peu déçu de la lecture des Couleurs de l’Acier. S’il y a de bonnes trouvailles, que ce soit le système judiciaire ou le héros principal, sorte de baroudeur alcoolique un peu bourru mais rempli de mystères, on reste à plusieurs reprises totalement incrédule devant les rebondissements ou des explications de K. J. Parker, que ce soit sur le passé de son personnage principal ou dans le déroulement du siège de la ville par exemple. Un peu comme si elle avait lancé des idées ou des pistes de narration qu’elle avait eu du mal ensuite à expliquer. On sent qu’elle s’empêtre dans des explications tirées par les cheveux qui manquent de crédibilité. Dommage… Surtout lorsqu’on ajoute des coïncidences là aussi un peu trop incroyables et des personnages qui manquent un peu d’ampleur (hormis Bardas) et d’intérêt. Les Couleurs de l’Acier semble être son premier roman. Soyons indulgent. Il s’agit peut-être de petits défauts du début. Il n’en reste pas moins qu’on hésitera à lire la suite, même si les éditions Bragelonne en font un objet aussi beau que ce premier tome.