Déraison et sentiments

Né en 1974 à Lancaster (Angleterre), Joe Abercrombie vit entre Londres et Bath. Déraison et sentiments, son nouveau roman, apporte une nouvelle pierre à l'édifice de La première loi, trilogie qui connaît un grand succès aux Etats-Unis.

Guerres, conspirations et relique au menu

Le tocsin de la guerre résonne dans l'Union. L'armée du monde libre, complètement inexpérimentée et mal équipée va affronter son destin. Divisée par des querelles intestines, la dernière défense du monde libre ne semble pas consciente du danger qui la guette. Face à elle, l'armée du Nord de Bethod est d'une autre nature et se prépare à fondre sur eux.
Au sud, s'annonce une autre bataille : les forces du Gorkhul se massent aux portes de la cité Dagoska. L'inquisiteur Glotka, envoyé là-bas pour enquêter sur la disparition de son prédécesseur, va découvrir un vaste complot destiné à livrer la ville aux assiégeants. Menacé de toutes parts par les traitres et assasins , Glotka va devoir trouver très vite des réponses pour sauver la ville mais aussi sa peau.
Pendant ce temps, la poignée de héros choisi par le premier mage continue sa quête afin de trouver la Graine. Cette relique surpuissante, jadis responsable de la destruction de plusieurs cités est peut-être aujourd'hui l'unique chance de survie du monde libre. Mais encore faut-il pouvoir s'en emparer et la contrôler...

Une suite forte et profonde

Et c'est reparti pour un tour ! Joe Abercombie signe le deuxième opus de La Première loi avec beaucoup de réussite.
En effet, les personnages évoluent et prennent une dimension plus profonde dans leurs relations et leur approche du monde. On y apprend beaucoup sur les motivations de chacun mais surtout celles du premier Mage Bayaz. Les différentes parts d'ombres laissées dans le premier volume apparaissent en toute lumière et fortifient l'intrigue principale.
Les sentiments des héros sont disséqués et deviennent moins caricaturaux. Même si certains restent classiques. La progression de Jezal, par exemple, et sa descente de piédestal est un vrai plaisir.
L'auteur garde son canevas de départ avec trois groupes de héros qui vont donner du rythme à son histoire. Avec son style maniant l' humour noir, il dépeint avec brio situation et ambiance. Les scènes de tortures menées par l'inquisition et les différentes batailles petites ou grandes, décrites avec détails apportent une réalité forte et tangible. Je conseille les escarmouches de la bande à Squéoia. Les peurs et doutes des héros pendant les passes d'armes laissent pantois et apportent un réalisme certain.

L'intrigue continue donc son chemin dans les méandres des complots et des combats de chacun.  Joe Abercrombie présente la suite de son œuvre fleuve en distillant la noirceur de son univers riche et fouillé. Un souffle épique dans un monde crépusculaire et cynique. À ne pas manquer de lire dans votre transat préféré.