Smoke City, tome 2
Il aura fallu attendre trois ans pour que les lecteurs du tome 1 de
Smoke City puissent découvrir la suite de l'aventure de Cole Valentine et ses collègues malfrats. Mathieu Mariolle et Benjamin Carré ont en effet pris leur temps, occupés par d'autres projets – des scénarios de BD pour le premier, l'illustration et les jeux vidéos pour le second –, pour achever un diptyque dont le début
n'avait pas convaincu.
Le lecteur était en droit de penser que cette longue maturation permettrait aux auteurs de redresser la qualité du projet. Il est terriblement déçu.
Un scénario qui n'est pas plus convaincant que celui du tome 1 Il faut dire que les deux auteurs sont obligés de poursuivre le récit des destinées de malfrats sortis d'une boîte à archétypes. Carmen, Cole Valentine et les autres membres de la bande ont réussi le casse du musée de H. R. Law. Mais ils sont aux mains de la police. L'inspectrice Ruben, qui est prête à tout pour mettre l'homme le plus puissant de Smoke City derrière les barreaux, monte un piège pour le capturer...
Une nouvelle fois, Mathieu Mariolle et Benjamin Carré utilisent les grosses ficelles du polar pour lancer leur récit : rencontre sur un ponton entre le méchant et les gentils, dans un contexte de piège tendu par la police, qui va forcément tourner à la fusillade. La belle rousse est capturée, le héros échappe à la mort
in extremis...
L'histoire ne débute donc pas vraiment sur des bases convaincantes. Cole Valentine est un archétype, héros au grand cœur, qui ne craint rien et sait se sacrifier pour les beaux yeux d'une femme ; les policiers de Smoke City y démontrent toute leur incompétence, au grand avantage du méchant qui leur échappe sans cesse ; l'inspecteur Ruben est une femme déterminée, qui n'a d'autre but dans la vie que d'arrêter Mr Law, allant jusqu'à poser sa démission (acceptée par son patron !) en échange de la libération des collègues de Cole. Ces derniers se révèlent être bien facilement le dernier recours pour contrecarrer les plans du maître de Smoke City, et ils accepteront sans hésitation d'aider la policière, alors qu'ils apparaissaient dans le tome précédent comme peu enclins à l'altruisme.
Page après page, le récit raconté dans le tome 2 de
Smoke City s'enfonce donc un peu plus dans un tissu d'invraisemblances reposant sur des rebondissements auxquels on ne croit pas et des personnages qui ne passionnent pas. On en oublierait presque le thème de l'histoire, à savoir un pacte avec un démon, qui porte enfin la série au niveau de fantastique que l'on attendait. Dommage que la mise en scène d'une telle idée, qui n'est pas inintéressante (sans révolutionner les canons du genre), soit si laborieuse.
Des dessins approximatifs Le tome 2 de
Smoke City permet à Benjamin Carré de montrer un travail de meilleure qualité que celui du premier épisode. Abandonnant l'inesthétique collage des personnages sur des décors réalisés à partir de photographies, il réalise tous les éléments des planches par la même technique. Le résultat en est bien meilleur, même si le rendu est parfois artificiel. Carré reste tout de même peu performant sur les visages, surtout les expressions faciales. Il rate ainsi toutes celles de l'inspecteur Ruben et échoue bien souvent pour celles des autres personnages.
Il ne se rattrape vraiment qu'avec les décors, puisque sa ville est de toute beauté. Dommage qu'elle n'ait finalement aucune personnalité, aucun rôle dans l'histoire, alors qu'elle donne son nom au titre de la série.
On reste donc déçu avec ce second tome d'une série qui avait mal débuté et se termine à peine mieux.